Juive française, Ginette Kolinka est arrêtée en mars 1944 à Paris et déportée à Auschwitz.
On nous oblige à nous déshabiller jusqu'à la nudité totale – pour moi cela a été affreux, j'étais honteuse [...]. Et les femmes qui font ça, c'étaient des déportées, elles sont passées par où vous passez. On devient vite inhumaine. [...] Maintenant on n'a plus de cheveux. [...] Chaque fois qu'on nous emmène, on reçoit des coups parce qu'on marche pas comme ils veulent, on va pas assez vite. [...] On nous chasse, « allez, foutez le camp », Raus et on se retrouve dans une salle où toutes les vitres sont cassées en attendant les groupes [...]. Pendant l'attente des vêtements, il y en a qui parlent. Elles ont posé des questions, parlé la même langue avec les dames qui les tatouaient : « Alors, quand est-ce qu'on va voir les nôtres qui sont montés dans les camions ? » [...] Et l'une, c'est sa mère qui est montée dans les camions, l'autre c'est son père [...]. L'usine où il y a la fumée et l'odeur, j'apprends que ce n'est pas là où je vais travailler, j'apprends que c'est l'usine de la mort. On nous apprend que cette fumée, cette odeur, c'est pas des produits chimiques, c'est toutes les personnes qui ont été désignées pour monter dans les camions [...]. On les a assassinées et maintenant c'est leurs corps qui brûlent et c'est ça qui donne cette odeur.