Lorsque je pris en charge [fin janvier 1945] le camp d'Uckermark, il s'y trouvait environ 4 000 détenues de toutes nationalités. Environ six semaines après, je fus mutée d'Uckermark. À ce moment, il restait à peu près 1 000 détenues. Ce sont donc 3 000 femmes qui ont été sélectionnées pour le gazage durant mon temps de fonction. [...] Chaque jour, je faisais ainsi une liste de 50 à 60 femmes. On disait qu'elles devaient être transférées au camp de Mittwerda. Ce camp n'a jamais existé mais était une invention [...] pour cacher aux détenues qu'elles allaient être gazées. Les femmes sélectionnées étaient ensuite mises dans une baraque vide que nous appelions le gymnase. [...] À la tombée de la nuit, les camions venaient chercher les femmes enfermées dans le gymnase. [...] Quand les camions étaient chargés, les deux SS et moi roulions vers le crématoire. Arrivés là, nous devions décharger les détenues dans une remise. En tant qu'Oberausfeherin 1, je leur donnais l'ordre de se déshabiller complètement. [...] Lorsque toutes les femmes étaient déshabillées, un SS quelconque, déguisé en médecin, conduisait ces femmes dans une autre remise. Quand celle-ci était au complet, on la barricadait. Deux détenus hommes recevaient alors l'ordre de grimper sur le toit au moyen d'une échelle. Je les ai vus ensuite y jeter quelque chose [le gaz toxique, sous forme de cristaux solubles dans l'eau]. Après, on fermait aussitôt l'ouverture du toit. Dès que les deux détenus étaient descendus, on faisait tourner les moteurs des camions afin qu'on ne puisse pas entendre les cris. À ce moment-là, je partais à chaque fois. Je sais qu'un assez grand nombre de détenus hommes – venant du camp des hommes – étaient gazés en même temps que les 60 femmes que j'emmenais d'Uckermarck. [...] On fusillait simplement les femmes que j'avais amenées s'il n'y avait pas suffisamment d'hommes pour remplir la remise, car, dans ce cas, il n'était pas rentable d'utiliser le gaz.