Quel spectacle horrible, lorsque, la
semaine suivante, les corps commencèrent
à devenir noirs et à se putréfier ! Une tête,
un bras paraissaient çà et là au-dessus des
fossés ; et, à une époque si éloignée du jour
de la bataille, on trouva encore plusieurs
corps qui remuaient lorsqu'on les touchait.
[...] On ne peut facilement décrire la désolation
qui régnait sur le champ de bataille ;
les blés, en pleine croissance, étaient renversés
à terre et tellement foulés aux pieds,
qu'ils n'étaient plus que de la paille hachée.
Les charges de cavalerie avaient, dans une
foule d'endroits, comme labouré le terrain,
et les pas des chevaux, profondément
imprimés dans la terre, attestaient où les
rencontres avaient été le plus meurtrières.
Toute la campagne offrait d'affreuses traces
de guerre et de dévastation ; des têtes de soldats
percées de balles et foulées aux pieds,
des bonnets, des casques ornés d'aigles, des
décorations de la Légion d'honneur, des
cuirasses, des débris d'armes [...].