En mai 1968, [...] le chômage est à un taux historiquement bas, se situant aux alentours des 2,6 % de la population active. La croissance flirte avec la barre des 7 % du PIB. [...] Le mouvement social sans précédent des mois de mai et juin, qui a compté près de 10 millions de grévistes en France, n'éclot pas du jour au lendemain. Avant mai, le climat du pays est électrique : les jeunes veulent plus de libertés, contestent la guerre du Vietnam et la politique de de Gaulle, au pouvoir depuis dix ans. Dans les usines, le modèle du taylorisme est à bout de souffle. Le travail difficile, répétitif et sans évolution est remis en question. « Ne perds pas ta vie à la gagner », martèlent les slogans, « Ton patron a besoin de toi, tu n'as pas besoin de lui. »