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Texte 4

Marie Noël, « Chant de la Merci » (1930)

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Texte
Chant de la Merci1

À tous ceux-là qui très loin sont captifs
Dans le silence ; aux âmes enchaînées
Par la longueur des muettes années
En nul ne sait quels abîmes2 plaintifs ;
À ceux dont l'ombre a tant de murs sur elle
Qu'ils n'ont jamais pu donner de nouvelle
De leur nuit noire aux gens qui sont dehors ;
Ceux pleins d'appels dont nulle voix ne sort,
Dont le secret cherche un mot qui l'emporte ;
Ceux dont le cœur bat sans trouver de porte,
À tous ceux-là – je ne sais pas combien –
Je viens. Je suis petit oiseau, je viens.
Je viens, je suis moucheron, un rien frêle.
Une aile. Et j'ouvre et je donne mon aile
Pour alléger leur épaule et mon chant
Pour délivrer leur âme à travers champs.
Je viens. J'ai pris dans leurs fers3 , à leur place,
Leur cœur en moi pour m'envoler avec.
Je suis le pleur jailli de leurs yeux secs,
Je souffre en eux, je lutte, je suis lasse,
J'ai faim. Je tremble en des rêves tout bas,
J'ai peur... Je suis ce que je ne suis pas,
– Ce que je suis peut-être – jeune fille
Que le printemps entête et qui vacille
Avec ce cœur lourd de divin ennui
Qu'on ne peut pas porter seule – Je suis
Celle blessée entre toutes qui pleure.
Et je serai les pauvres tout à l'heure.
– Quand je suis eux je ne dors pas la nuit –
J'irai criant, pour qu'un cri nous soutienne,
Mes maux – les leurs – nos tâches, nos soucis
Avec leur bouche pauvre, pas la mienne.
Je serai vieille, veuve... morte aussi
Avec les morts.
[...]
Et quand je serai moi,
Moi toute seule, aride4 , sans génie,
Seule au lieu morne5 où la route est finie,
Seule au moment où le ciel obscurci
Ne s'ouvre plus ; quand, sans être entendue,
J'aurai ma voix et mes ailes perdues,
– Déjà peut-être elles sont loin d'ici –
Quelqu'un viendra. Je l'attendrai dans l'ombre,
Un frère, un cœur entre les cœurs sans nombre,
Quelqu'un à moi viendra pour la Merci
Aider mon âme à se sauver aussi.
Les Chants de la Merci © Éditions Gallimard, 2003.

1. Grâce, pitié que quelqu'un accorde à quelqu'un d'autre.
2. Profondeurs souterraines.
3. Chaînes ; au sens figuré : état d'oppression, esclavage.
4. Desséchée, désolée.
5. Qui provoque la lassitude et l'ennui par son manque d'intérêt.
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Préparer l'explication linéaire

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    « Chant de la Merci »

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Étape 1
Première lecture et repérages

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Question 1

Qu'évoque le titre du poème à travers les deux noms communs ?
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Question 2

Repérez trois mouvements dans le texte et donnez-leur un titre.
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Étape 2
Analyser le texte

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Question 3
Une complainte universelle
a) À qui s'adresse ce poème ? Repérez l'anaphore et listez les destinataires évoqués.
b) Quels champs lexicaux identifiez-vous dans les onze premiers vers ? Commentez-les.
c) Donnez trois adjectifs pour qualifier l'atmosphère créée par le poème, et justifiez votre réponse.
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Question 4
Un poème lyrique
a) En vous appuyant sur les marques de la première personne du singulier, commentez le lyrisme de ce poème.
b) Relevez le lexique des sentiments et émotions, et retracez leur évolution au fil du poème.
c) Relevez le champ lexical de la solitude et les négations à partir du vers 35. Peut-on parler de désespoir ?
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Question 5
Le rôle du poète
a) Quelles comparaisons et métaphores du poète peut-on relever ? Précisez le sens de chacune.
b) Quel est le rôle du poète dans ce poème ?
c) Montrez comment la poétesse fait de la peur et de la révolte un moyen de création.
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Étape 3
Préparer l'introduction et la conclusion

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Question 6
Introduction
Recherchez ce qu'est une élégie, et montrez ce que ce poème a d'élégiaque.
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Question 7
Conclusion
Lisez le poème « Le Pélican » d'Alfred de Musset et proposez une ouverture.
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Préparer la lecture

Écoutez le texte lu par un comédien.

Entraînez-vous à lire en faisant entendre la tonalité pathétique.
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Texte numérique

Le Pélican


Les plus désespérés sont les chants les plus beaux,
Et j'en sais d'immortels qui sont de purs sanglots.
Lorsque le pélican, lassé d'un long voyage,
Dans les brouillards du soir retourne à ses roseaux,
Ses petits affamés courent sur le rivage
En le voyant au loin s'abattre sur les eaux.
Déjà, croyant saisir et partager leur proie,
Ils courent à leur père avec des cris de joie
En secouant leurs becs sur leurs goitres1 hideux.
Lui, gagnant à pas lent une roche élevée,
De son aile pendante abritant sa couvée,
Pêcheur mélancolique, il regarde les cieux.
Le sang coule à longs flots de sa poitrine ouverte ;
En vain il a des mers fouillé la profondeur ;
L'océan était vide et la plage déserte ;
Pour toute nourriture il apporte son cœur.
Sombre et silencieux, étendu sur la pierre,
Partageant à ses fils ses entrailles de père,
Dans son amour sublime il berce sa douleur ;
Et, regardant couler sa sanglante mamelle,
Sur son festin de mort il s'affaisse et chancelle2,
Ivre de volupté, de tendresse et d'horreur.
Mais parfois, au milieu du divin sacrifice,
Fatigué de mourir dans un trop long supplice,
Il craint que ses enfants ne le laissent vivant ;
Alors il se soulève, ouvre son aile au vent,
Et, se frappant le cœur avec un cri sauvage,
Il pousse dans la nuit un si funèbre adieu,
Que les oiseaux des mers désertent le rivage,
Et que le voyageur attardé sur la plage,
Sentant passer la mort se recommande à Dieu.

Poète, c'est ainsi que font les grands poètes.
Ils laissent s'égayer ceux qui vivent un temps ;
Mais les festins humains qu'ils servent à leurs fêtes
Ressemblent la plupart à ceux des pélicans.
Quand ils parlent ainsi d'espérances trompées,
De tristesse et d'oubli, d'amour et de malheur,
Ce n'est pas un concert à dilater le cœur ;
Leurs déclamations sont comme des épées :
Elles tracent dans l'air un cercle éblouissant ;
Mais il y pend toujours quelques gouttes de sang.
Alfred de Musset
La Nuit de mai, 1835

1. Expansions membraneuses plus ou moins considérable qui pendent à la partie inférieure du cou de certains oiseaux, comme le pélican.
2. Tremble, menace de s'écrouler.
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Traiter la question de grammaire

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Question 8

Analysez l'expression de l'interrogation dans le vers 4.
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