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Le fait d'envisager le ralentissement urbain a souvent été écarté. Par exemple, considérant les logiques stimulant l'émigration rurale vers la ville et les taux de croissance démographique des années 1960, les projections ont longtemps laissé penser que les plus grandes villes d'Amérique latine allaient prendre encore plus d'importance. Ainsi, a‑t‑on annoncé que Mexico aurait en l'an 2000 la première place mondiale des mégapoles. Dans une publication universitaire de 1994, la rhétorique de la croissance linéaire conduisait à prévoir 31 millions d'habitants à Mexico en 2000.
En fait, il a fallu réviser largement à la baisse ces chiffres : en 2000, l'agglomération de Mexico a atteint moins de 20 millions d'habitants, 18,5 millions exactement, plus de 12 millions de moins que le chiffre annoncé ! À l'exemple de Mexico, sous l'effet de la transition démographique urbaine, le taux de croissance des grandes villes des pays les plus fortement urbanisés d'Amérique latine s'est considérablement ralenti sous deux effets : d'une part, la décélération démographique générale a touché aussi les villes ; d'autre part, l'émigration rurale ne peut se poursuivre au rythme antérieur lorsque ses ressources humaines se sont en grande partie taries. Finalement, Mexico, qui devait devenir la ville la plus peuplée du monde, compte 21,2 millions d'habitants en 2016 et se classe au 7e rang dans le monde.