Ainsi ces hommes […] que les décrets du 27 avril avaient faits libres et citoyens français, égaux de leurs anciens maîtres, ont dû entrer dans la liberté sous le poids d'engagements forcés, pourvus de livrets, numérotés pour la police, obligés de représenter à ses agents et à toute réquisition ce livret, véritable équivalent du livret que l'esclave devait autrefois présenter lorsqu'il sortait de l'habitation de son maître pour aller en ville, présumés vagabonds s'ils en sont dépourvus, punissables à merci, sans citation, sans délai, sommairement, sur simple note comme au bon temps de l'esclavage ! Et par une monstruosité véritable en législation, l'emprisonnement pénal […] doit toujours être prononcé, soit pour inexécution des engagements contractés, soit pour manquement au régime et à la discipline intérieure des ateliers, régime que chaque propriétaire ou chef d'atelier établit à sa guise, puisqu'il s'agit de l'intérieur des ateliers. Une pareille liberté, n'est‑ce pas l'esclavage moins le fouet ?