Située à la pointe de la péninsule malaise, cette métropole de 5,5 millions d'habitants, qui fut britannique de 1819 à 1959, contrôle un des principaux détroits maritimes mondiaux, celui de Malacca. Elle est devenue en quelques décennies l'un des pays les plus petits et les plus prospères […].
Ce petit archipel émietté (59 îles), de surface réduite (719 km2) et à forte densité (7 700 hab./km2) impose en effet des contraintes extrêmement fortes au développement économique et urbain. Pour y répondre, les surfaces disponibles augmentent de 24 % en six décennies grâce au remblaiement des littoraux et à la construction de vastes terre‑pleins, en particulier au Sud‑Ouest. Ces gains de terrains constructibles permettent la création de vastes zones aéroportuaires (Changi ouvert en 1981), portuaires (Pasir Panjang...) et industrielles ultramodernes (Jurong...) qui font de Singapour un hub mondial. En permettant les transferts d'activités vers les périphéries, elles facilitent les mutations urbaines et fonctionnelles du cœur historique (quartier touristique, culturel et d'affaires, fonctions financières et commerciales internationales...) et de ses marges résidentielles […].
La mue métropolitaine de Singapour repose sur la mobilisation d'un vaste territoire. À l'échelle sous‑continentale, elle impulse la création d'un hinterland productif transfrontalier (zones industrielles, ports francs...) à cheval sur la Malaisie (État de Johor) et l'Indonésie (archipel de Riau, Sumatra) qui est institutionnalisé par un « pôle de développement conjoint » dès 1989. À l'échelle continentale, Singapour mobilise un large bassin migratoire s'étendant des Philippines à l'Inde. Ce personnel peu qualifié (ouvriers du bâtiment, personnels de service...), qui représente 30 % de la population, est indispensable à son fonctionnement.