[N]e l'a jamais intéressée que « la valeur collective
du “je” autobiographique ». Parler de soi, pour tendre
à l'autre un miroir où il pourra se reconnaître. Puiser à
sa vie (enfance, relations au père et à la mère, au milieu
social, passions amoureuses...), à sa mémoire, pour élaborer,
de livre en livre, « une autobiographie qui se confonde
avec la vie du lecteur ». « Je n'ai pas le désir de découvrir
les zones d'ombre de ma vie [...], expliquait-elle dans
L'Écriture comme un couteau (éd. Stock, 2003). Je me
considère très peu comme un être unique, au sens d'absolument
singulier, mais comme une somme d'expériences,
de déterminations aussi, sociales, historiques, sexuelles, de
langages, et continuellement en dialogue avec le monde
(passé et présent), le tout formant, oui, forcément, une
subjectivité unique. Mais je me sers de ma subjectivité
pour retrouver, dévoiler des mécanismes ou des phénomènes
plus généraux, collectifs. »