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Un double projet
Un récit biographique
Dans La Place, Annie Ernaux redonne vie à son père, disparu en 1969. Le récit s'ouvre sur la mort de ce dernier.
Puis, par le procédé de l'analepse (retour en arrière), l'auteure relate l'enfance de son père (
) dans le milieu
paysan, son adolescence, sa rencontre avec sa femme, leur promotion sociale grâce à l'ouverture d'un café-commerce,
sa paternité et leur relation père-fille. Annie Ernaux clôt son récit par le même événement que celui qui
constitue l'incipit : la mort de son père (
Derrière la biographie apparaît également l'autobiographie : Annie Ernaux est un personnage de son récit. En
racontant l'histoire de son père, elle parle également d'elle-même. Elle dresse son autoportrait sans concession,
se montrant par exemple comme une adolescente méprisante à l'égard du monde de ses parents. Elle se décrit
comme une bonne élève qui, progressivement, va adopter des codes bourgeois pour délaisser les codes populaires
de sa famille : c'est cette distance, ce fossé social entre elle et ses parents qu'elle souhaite rapporter.
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) dit implicitement qu'Annie Ernaux a déjà trahi, par son ascension sociale :
écrire devient alors un « dernier recours ». Le choix de la forme est, dès lors, essentiel : l'auteure rejette la forme
romanesque, puisque l'utilisation d'une forme artistique lui semble être une nouvelle trahison de la vie simple
de son père. Aussi adopte-t-elle souvent un point de vue externe qui se contente de décrire minutieusement les
actes et les personnes. C'est ce qu'elle annonce au début du récit dans une sorte de pacte autobiographique :
cette notion créée par Philippe Lejeune (Le pacte autobiographique, Le Seuil, 1975) implique que l'auteur s'engage
à être le plus sincère possible et que le lecteur, de son côté, s'engage à le croire.
L'« écriture plate »
Cette volonté de ne pas trahir la réalité va de pair avec une distanciation nécessaire : Annie Ernaux refuse le
pathétique, l'hommage trop lourd et trompeur, ou encore la polémique qui consisterait à se moquer de la classe
sociale populaire dont est issu son père. Elle adopte donc une écriture neutre, qu'elle nomme « écriture plate »
(
), la plus propice à saisir la vie telle qu'elle a été.
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Une réflexion sur l'identité
Une démarche sociologique
Annie Ernaux est marquée par la sociologie, qui propose d'étudier les sociétés humaines à partir d'un cadre scientifique et objectif. Dans La Place, elle décrit ainsi le monde paternel et son ancrage dans les Trente Glorieuses. Elle
traduit également les sociolectes des uns et des autres : le langage populaire de sa famille ou celui qu'elle adopte
adolescente, plus proche des codes de la jeunesse bourgeoise de son époque (
et le parcours
d'Annie Ernaux semble rejoindre celui d'auteurs comme Nicolas Rétif de la Bretonne, Agota Kristof, Didier Eribon ou
Édouard Louis. L'auteure de La Place cherche à toucher l'ensemble de ses lecteurs, à parler universellement, pour
que chacun puisse s'identifier au regard de sa propre histoire et de sa propre culture. Derrière l'expérience singulière
qu'il relate, le récit engage chacun à s'interroger sur ses origines, ses relations familiales, ses aspirations :
en somme, sur son identité, sa « place ».
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