L'Iran a connu l'une des mutations démographiques les plus rapides de l'Histoire. Alors qu'au moment de la révolution, en 1979, une femme en âge de procréer a en moyenne 6,8 enfants, l'indice de fécondité tombe à 2,8 en 1996, puis à 1,8 aujourd'hui.
La baisse s'accélère surtout dans la seconde moitié des années 1980, et ce malgré les premières mesures natalistes adoptées par le régime des mollahs
1, comme l'abaissement de l'âge du mariage. À la fin de la guerre Iran-Irak (1980‑1989), les autorités changent de cap et mettent en place une politique active de contrôle des naissances, afin de ralentir la croissance démographique du pays, encore très élevée.
« Les progrès en matière d'instruction sont la clé de voûte de cette mutation », analyse la démographe Marie Ladier‑Fouladi. Alors qu'en 1976, seules 28 % des femmes en âge de procréer sont alphabétisées, elles sont 76 % en 1996 et 87,4 % en 2006. La durée de la scolarité augmente aussi rapidement : d'une moyenne de 1,9 an en 1976, elle atteint 8,9 ans en 2006. Pour les jeunes femmes (20‑24 ans), la durée de scolarisation dépasse même celle des hommes : 10,4 ans contre 9,9 ans. À tel point que, depuis 2008, des quotas sont réservés aux hommes dans certaines filières universitaires, afin de limiter la place prépondérante prise par les étudiantes.
Autre changement majeur au cours de ces années, le recul de l'âge du premier mariage qui passe de 19,7 ans en moyenne en 1976, à 24 ans en 2006.