Le tourisme [au Tibet] a certes engendré des revenus considérables et a permis d'attirer des investissements privés dans la région. De nouveaux hôtels, restaurants, cafés et boutiques sont apparus à Lhassa […]. Mais ce processus a été accompagné par la démolition des anciens bâtiments et des habitations tibétaines au sein des quartiers historiques de la ville. Les sites touristiques et leurs environs ont été également transformés […] : les routes modernes et les stationnements encerclent désormais les monastères et les couvents, alors que les nouveaux magasins vendant des imitations de l'artisanat local ont remplacé les étals pittoresques des commerçants tibétains. […]
Loin de préserver le patrimoine et les traditions du Tibet, le tourisme de masse conduit à la commercialisation et à la politisation de la culture et des identités locales. […] On invite les touristes han à venir au Tibet non seulement pour découvrir la beauté de ses paysages et son riche passé historique […], mais aussi pour vivre une expérience édulcorée et exotique en observant les « coutumes ancestrales » et en assistant aux spectacles folkloriques « traditionnels ». Pourtant, les attractions proposées aux touristes n'ont souvent rien d'authentique ou d'original. Conçues par l'Office national du tourisme, elles offrent une vision simplifiée et sinisée des fêtes, des costumes et de la musique tibétains, plus adaptée à la consommation ludique du patrimoine historique et culturel. Ces pratiques alimentent les stéréotypes à l'égard des Tibétains, présentés souvent comme un « peuple primitif » […].
Ainsi, ces voyages ethniques ne donnent pas aux touristes chinois la possibilité de voir le Tibet autrement que de la façon prévue par l'État.