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Introduction
S'interroger sur l'activité artistique revient à réfléchir sur la dimension la plus mystérieuse de la culture, celle par laquelle l'homme consacre ses efforts et sa technique à produire un objet en apparence inutile : une œuvre d'art.
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Réflexion 1
L'œuvre d'art dit-elle la beauté du monde ?
L'art doit-il imiter la nature ?
L'art exprime la joie de l'homme à imiter toute chose. Il rend ainsi la beauté du monde et l'exalte. Faire œuvre belle, c'est dire l'ordre de la nature, c'est recréer, après les dieux, la perfection de leur œuvre. La peinture s'est longtemps soumise à ce préjugé réaliste exprimé par Léonard de Vinci ou Aristote.
L'art est-il une création de l'esprit ?
Même lorsque l'artiste imite la nature, c'est son interprétation, c'est la vision qu'il en donne qui est belle et expressive. L'œuvre d'art est donc avant tout une création de l'esprit. Le monde n'est jamais que le modèle d'où il part, la matière de son œuvre. La création n'est donc pas une imitation mais une spiritualisation. Hegel nous invite à distinguer la beauté de la nature et celle de l'œuvre.
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Réflexion 2
Comment jugeons-nous de l'esthétique ?
Le jugement esthétique est-il imposé par l'œuvre elle-même ?
Kant nous éclaire sur le jugement esthétique : il est fondé sur le sentiment de plaisir ressenti par le sujet, mais ce dernier exige le même sentiment chez son semblable. L'homme désire l'universalité, parce qu'il n'attache pas son plaisir à un intérêt subjectif. Le jugement esthétique reconnaît la beauté de l'œuvre sans conceptualiser cette beauté.
L'artiste agit-il sur notre regard ?
L'artiste convertit le regard de l'homme sur lui-même en l'éclairant. Le spectateur prend pleinement part à ses émotions en se reconnaissant dans la sensibilité de l'artiste. Bergson utilise l'image du révélateur photographique pour traduire le bonheur du sentiment esthétique qui se révèle à l'homme.
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Réflexion 3
Quelle est la force qui pousse l'artiste à créer ?
Y a-t-il un art engagé ?
Selon Camus, les émotions et les révoltes de l'artiste sont les mêmes que celles des autres hommes, mais il est le seul à les exprimer pleinement dans son œuvre. Ainsi, l'artiste ne peut pas être étranger au destin de ses contemporains : il sait où est l'essentiel dans la réalité. Il ne se laissera pas engluer dans les conventions et les routines de l'action. Il y a donc dans l'art une exigence puissante et révolutionnaire.
L'artiste est-il inspiré ?
Le spectateur n'a pas accès à toutes les hésitations et tentatives échouées de l'artiste ; il peut donc croire au génie et à l'inspiration. Nietzsche ne s'y trompe pas, le spectateur veut croire au talent car cela lui évite de penser l'opiniâtre travail de création. Cependant, s'il n'est pas un génie inspiré, le créateur est bien le dépositaire de deux tendances paradoxales et fécondes : l'élan dionysiaque et l'harmonie apollinienne.
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Emmanuel Kant, Critique de la faculté de juger, 1790.
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Pour aller plus loin
À voir
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Milos Forman, Amadeus, 1984
Ce film traite de la personnalité de Mozart et d'une partie de sa vie, telles que Milos Forman les perçoit. Il est inspiré d'une courte pièce de Pouchkine intitulée Mozart et Salieri
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Martin Provost, Séraphine, 2008
Un marchand d'art découvre un talent brut en la personne de sa femme de ménage : Séraphine.
À lire
Vassily Kandinsky, Du spirituel dans l'art et dans la peinture en particulier, 1910
Dans cet ouvrage qui est une réflexion sur l'abstraction, l'auteur développe un propos moderne sur les rapports entre la forme et les couleurs.
Paul Klee, Théorie de l'art moderne, 1945
L'auteur traite des grandes questions de l'esthétique moderne et expose des correspondances avec d'autres champs disciplinaires, tels que la biologie et les mathématiques.
Vincent Van Gogh, Lettres à Théo, 1914
Cette correspondance est l'occasion de découvrir l'homme tourmenté, affamé, mais aussi l'artiste toujours en quête de la lumière qui éclaire son œuvre.
Bernard Edelman, L'Adieu aux arts, 2001
L'auteur revient sur l'affaire Brancusi – ou comment une œuvre d'art (L'oiseau dans l'espace) a été cataloguée par la douane comme « objet manufacturé indéterminé ». L'art nous parle-t-il encore aujourd'hui ?
Éric-Emmanuel Schmitt, Lorsque j'étais une œuvre d'art, 2002
Dans ce roman, un candidat au suicide accepte de vivre pour devenir l'œuvre vivante d'un artiste qui le transforme en « Adam bis ». Toutefois, cette œuvre n'est-elle pas seulement une copie ?