Il faut commencer par indiquer que, pour l'auteur, l'Esprit connaît trois stades, selon la célèbre triade hégélienne, d'abord l'Esprit « en soi », puis l'Esprit « pour soi », et enfin l'Esprit « en et pour soi ». L'« en soi » désigne une réalité sans s'accompagner de conscience, le « pour soi » désigne cette réalité qui prend conscience d'elle-même, y compris par toutes ses manifestations extérieures, et « l'en et pour soi » est cette réalité qui retourne en elle pour se connaître pleinement manifestée, cette étape de pleine connaissance est la science.
Ainsi, en ce qui concerne l'Esprit absolu, il trouve son « en soi » dans l'art, son « pour soi » dans la religion, et son « en et pour soi » dans la philosophie. L'art n'est donc qu'une étape du mouvement dialectique. Or, le moment est venu, selon l'auteur, de dépasser l'art en créant une réflexion sur l'art, car il n'est plus l'incarnation de l'absolu, il devient un objet d'étude sur le chemin vers l'absolu.
À l'époque du romantisme allemand, l'art est conçu comme étant l'expression des sentiments, mais Hegel tente d'aller plus loin et de donner à l'esthétique les fondements d'une science. Toute science se définit par son objet et ses méthodes.
- Ainsi, Hegel délimite d'abord l'esthétique comme l'étude du beau artistique et en exclut le beau naturel et l'imitation du naturel.
- Il en questionne ensuite les méthodes : comment analyser l'activité artistique de façon légitime et efficace ?
- Il fait alors de l'esthétique la discipline qui rend à l'art sa réelle destination : révéler la vérité, comme le fait la philosophie, mais avec ses moyens propres qui passent par la singularité de l'œuvre : elle est cette fusion paradoxale entre le rationnel et le sensible : « l'art représente ce qui est le plus élevé de façon sensible ».