Quel peut être l'objectif d'une vie, sinon le bonheur ? S'il n'en est pas l'objectif, il constitue l'espoir implicite des autres finalités
de l'existence. Cependant, n'est-il qu'une chimère ou avons-nous à le conquérir ?
Selon Freud, le bonheur semble être une illusion consolatrice. Il ne voit en effet dans l'homme qu'une promesse de souffrance,
par le corps qui dégénère, par l'hostilité des autres hommes et par le monde extérieur. Atteindre le bonheur supposerait donc
un effort moral, social et technique. Cette liste d'objectifs nous amène à penser que le bonheur est une œuvre collective dont
nous ne sommes pas certains de goûter les fruits. Il est alors tentant de jouer la carte de l'individualité et d'espérer la richesse
et la promesse de consommation qui l'accompagne. Mais c'est probablement, comme Erich Fromm le signale, confondre l'être
avec l'avoir. Ne cherchons-nous pas à acheter notre bonheur pour ne pas avoir la tâche de le penser et de le construire ?