Dans le premier chapitre du livre, Mill a commencé par rappeler la nature et l'importance philosophique du problème du Souverain bien et de la morale. Après quelques considérations sur le problème logique du fondement dans les sciences, il a abordé précisément la question du bien et du mal et montré notamment les faiblesses des diverses morales que Mill appelle « intuitionnistes », qui ont en commun de considérer que la distinction entre le bien et le mal est un fait inexplicable. Ce courant inclut selon lui aussi bien, par exemple, la morale kantienne – fondée sur la raison – que celle de Hume – fondée sur le sens moral.
Mill veut montrer que « l'autre » théorie, c'est-à-dire l'utilitarisme, peut au contraire expliquer très précisément la distinction entre le bien et le mal. C'est ce qu'il va faire dans ce deuxième chapitre.
On peut concevoir la totalité de ce chapitre 2 comme une suite de prolepses, c'est-à-dire de réponses à des objections que Mill envisage lui-même contre la doctrine utilitariste, qu'il défend. Mill emprunte la plupart de ces objections à l'histoire des idées ou à ses contemporains.
Au fur et à mesure qu'il présente ces objections et détaille les réponses qu'il leur adresse, Mill expose la doctrine utilitariste sous ses divers aspects.
Ces objections peuvent être caractérisées comme suit :
- Objection fondée sur une mauvaise compréhension du concept d'« utilité » en rapport avec le plaisir
- Objection fondée sur une conception trop vile des plaisirs humains
- Objection fondée sur une conception trop ambitieuse du bonheur qui le rendrait impossible
- Objection fondée sur une conception égoïste du bonheur
- Objection fondée sur une conception trop exigeante de la morale utilitariste
- Objection fondée sur une mauvaise distinction entre l'action et l'agent
- Objection fondée sur la prétendue incompatibilité entre l'utilitarisme et la religion
- Objection fondée sur la confusion entre l'utile et l'intérêt
- Objection fondée sur la prétendue impossibilité pratique de l'utilitarisme
- Objection fondée sur les risques de l'utilitarisme en cas de dilemme moral
Dans les chapitres suivants du livre, Mill abordera respectivement la question de savoir ce qui peut pousser un agent à respecter une règle morale (chapitre 3), celle de savoir si et comment on peut prouver le principe de la morale utilitariste (chapitre 4), et enfin celle du lien qui unit la justice et l'utilité.