La mise en oeuvre du CETA doit permettre aux États membres de l'UE de soutenir leur croissance par l'extension des marchés accessibles à leurs entreprises, la baisse des droits de douane (une économie de près de 600 millions d'euros par an) ou encore l'échange soutenu de technologies et de savoir‑faire. [...] La Commission européenne estime que le CETA devrait accroître de 25 % les échanges commerciaux UE‑Canada. [...] Le cadre prévu par le traité en matière d'investissements permettrait, quant à lui, de favoriser l'emploi en Europe. Les études économiques favorables au CETA estiment que pour chaque milliard d'euros investi par l'UE, 14 000 emplois seraient soutenus. En conséquence, le traité favoriserait la compétitivité des entreprises européennes tout en entraînant une baisse de prix pour les consommateurs, selon la Commission européenne, qui assure par ailleurs que les normes de qualité seront maintenues.

Les députés français ont approuvé [...] la ratification du traité de libre‑échange entre l'Union européenne et le Canada (CETA) par 266 voix contre 213. Négocié depuis des années et déjà partiellement appliqué, l'accord controversé a fait l'objet de plusieurs heures de débats tendus à l'Assemblée nationale. [...] Pour justifier leur abstention ou leur rejet du texte, plusieurs « marcheurs » (députés La République en marche) mettent en avant l'urgence climatique. [...] L'accord a également été vivement critiqué par les organisations écologistes et par les agriculteurs, qui craignent une concurrence déloyale en raison de coûts de production moins élevés et de normes sanitaires moins exigeantes au Canada. L'ancien ministre de la transition écologique et solidaire Nicolas Hulot avait appelé les parlementaires, dans une lettre ouverte, à avoir « le courage de dire non » à ce traité, qui risque à ses yeux d'ouvrir la porte à des substances dangereuses par un abaissement des normes sanitaires.

Ce traité de libre‑échange prévoit de donner des pouvoirs totalement démesurés aux multinationales qui pourront étendre leur influence sur les décisions politiques. Le CETA, c'est une porte ouverte vers moins de protection des citoyens et de leur alimentation. Le traité impactera par exemple les règles qui permettent de limiter la présence de substances toxiques dans les aliments, d'étiqueter les produits qui contiennent des OGM, ou encore de fixer des standards stricts en matière d'élevage.

« Quand on compare nos ventes faméliques de viande au fromage français arrivé sur notre territoire, qui a bondi de 46 %, relève Richard Ouellet, spécialiste du commerce international à l'université Laval de Québec, nous avons du mal à comprendre le péril que nous représentons. » L'expert balaie également les critiques sur les normes sanitaires canadiennes, qui seraient en deçà des européennes. « Ai-je l'air d'un homme qui mange du poulet lavé à l'eau de Javel ? », déclare‑t‑il, agacé, devant les caricatures entendues. Il rappelle que l'accord conclu prévoit que chaque pays garde la main sur ses propres normes. Impossible, donc, selon lui, de faire entrer dans l'Hexagone « de la vache cannibale » (comprendre, nourrie aux farines animales), comme s'en émeuvent les producteurs français.