Messieurs les jurés, regardez-le – regardez-le – regardez-moi ça. Est-ce que
vous voyez un homme assis là ? Je vous demande, je vous supplie de regarder
attentivement – est-ce que vous voyez un homme assis là ? Regardez la
forme de ce crâne, ce visage aussi plat que la paume de ma main – regardez
bien dans ces yeux. Y décelez-vous une trace d'intelligence ? Voyez-vous
là un être susceptible de projeter un meurtre, un cambriolage, de préméditer
quoi que ce soit ? Un animal traqué capable de frapper par peur, un
trait hérité de ses ancêtres du fin fond de la jungle d'Afrique – oui, oui,
c'est possible, mais d'échafauder des projets ? D'échafauder des projets,
messieurs les jurés ? Non, messieurs, il n'y a pas de projets dans ce crâne.
Ce que vous voyez ici, c'est une chose qui agit sur ordre. Une chose faite
pour tenir le manche de la charrue, charger vos balles de coton, creuser vos
fossés, couper votre bois, récolter votre maïs. C'est ça que vous voyez ici,
et non un individu capable de préparer un cambriolage ou un meurtre. Il
ne connait même pas la taille de ses vêtements, de ses chaussures. Demandez-
lui les noms des mois de l'année. Demandez-lui si Noël arrive avant
ou après le 4 juillet. Parlez-lui de Keats, de Byron, de Scott, et observez si
ses yeux montrent un signe de reconnaissance. Demandez-lui de décrire
une rose, de citer un passage de la Constitution ou de la Déclaration des
droits. Messieurs les jurés, cet homme, préméditer un cambriolage ? Oh,
pardonnez-moi, je ne voulais certainement pas insulter votre intelligence
en employant le mot « homme » – je vous prie d'excuser une telle méprise.