Français Terminale Bac Pro

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Th. 3
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Th. 4
Littérature, sciences et éthique
Méthode Bac
Langue
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Révisions
Thème 3
Lecture 1/5

Les jardins de Colette

Dire la beauté du monde

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Comment l'écriture peut‑elle révéler la beauté du monde ?

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Texte

Colette avait un rapport particulier avec la nature, et notamment avec les jardins. Ce fut souvent un moyen de s'évader et une source d'inspiration littéraire. Ici, elle décrit la maison et le jardin de Sido, sa mère.

La maison était grande, coiffée d'un grenier haut. La pente raide de la rue obligeait les écuries et les remises, les poulaillers, la buanderie, la laiterie, à se blottir en contrebas tout autour d'une cour fermée.

Accoudée au mur du jardin, je pouvais gratter du doigt le toit du poulailler. Le Jardin-du-Haut commandait un Jardin-du-Bas, potager resserré et chaud, consacré à l'aubergine et au piment, où l'odeur du feuillage de la tomate se mêlait, en juillet, au parfum de l'abricot mûri sur espaliers. Dans le Jardin-du-Haut, deux sapins jumeaux, un noyer dont l'ombre intolérante tuait les fleurs, des roses, des gazons négligés, une tonnelle disloquée… […]

Grande maison grave, revêche avec sa porte à clochette d'orphelinat, son entrée cochère à gros verrou de geôle ancienne, maison qui ne souriait que d'un côté. Son revers, invisible au passant, doré par le soleil, portait manteau de glycine et de bignonier mêlés, lourds à l'armature de fer fatiguée, creusée en son milieu comme un hamac, qui ombrageait une petite terrasse dallée et le seuil du salon… Le reste vaut-il que je le peigne, à l'aide de pauvres mots ? Je n'aiderai personne à contempler ce qui s'attache de splendeur, dans mon souvenir, aux cordons rouges d'une vigne d'automne que ruinait son propre poids, cramponnée, au cours de sa chute, à quelque bras de pin. Ces lilas massifs dont la fleur compacte, bleue dans l'ombre, pourpre au soleil, pourrissait tôt, étouffée par sa propre exubérance, ces lilas morts depuis longtemps ne remonteront pas grâce à moi vers la lumière, ni le terrifiant clair de lune, – argent, plomb gris, mercure, facettes d'améthystes coupantes, blessants saphirs aigus, qui dépendait de certaine vitre bleue, dans le kiosque au fond du jardin.

Maison et jardin vivent encore, je le sais, mais qu'importe si la magie les a quittés, si le secret est perdu qui ouvrait lumière, odeurs, harmonie d'arbres et d'oiseaux, murmure de voix humaines qu'a déjà suspendu la mort – un monde dont j'ai cessé d'être digne ?…

Il arrivait qu'un livre, ouvert sur le dallage de la terrasse ou sur l'herbe, une corde à sauter serpentant dans une allée, ou un minuscule jardin bordé de cailloux, planté de têtes de fleurs, révélassent autrefois, dans le temps où cette maison et ce jardin abritaient une famille, la présence des enfants, et leurs âges différents. Mais ces signes ne s'accompagnaient presque jamais du cri, du rire enfantin, et le logis, chaud et plein, ressemblait bizarrement à ces maisons qu'une fin de vacances vide, en un moment, de toute sa joie. Le silence, le vent contenu du jardin clos, les pages du livre rebroussées sous le pouce invisible d'un sylphe1, tout semblait demander : « Où sont les enfants ? »
Colette
La Maison de Claudine, 1922.

1. Esprit de l'air.

Colette, La Maison de Claudine

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Sidonie-Gabrielle Colette

(1873-1954)
Placeholder pour Sidonie-Gabrielle
ColetteSidonie-Gabrielle
Colette
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Femme de lettres et journaliste française, elle écrit la série des Claudine, qui l'a rendue célèbre. Mais elle est aussi considérée comme une des premières féministes. Elle préside l'Académie Goncourt de 1940 à 1954.
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Questions
1. Selon vous, l'évocation de cette demeure et de ses jardins est-elle joyeuse ou triste ?
Justifiez votre réponse grâce aux éléments du texte.

2. En étudiant les temps verbaux, montrez que la description de la maison et du jardin se situe dans deux temporalités différentes.
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