Vous l'avez vu, nos adversaires soutiennent en second lieu que la traite des Nègres1 n'est pas un commerce inhumain.
Pour en juger en connaissance de cause, lisez le rapport fait en Angleterre [...]. Ainsi sur cent hommes ravis1 à l'Afrique il en meurt tout de suite vingt ! [...] Eh, d'où vient cette mortalité terrible ? Apprenez-en la cause, colons qui feignez de regarder l'esclavage comme un bienfait. C'est qu'à l'horreur de la captivité qui commence pour ne plus finir jusqu'à la mort, se joignent encore, pour les nègres, pendant le trajet, la faim, les maladies, le manque d'eau, le manque d'air… ET CE COMMERCE N'EST PAS INHUMAIN !...
[...] Voyez le modèle d'un navire chargé de ces infortunés, et tâchez de ne pas détourner vos regards. Comme ils sont entassés les uns sur les autres !... Comme ils sont étouffés par les entreponts ! Ne pouvant se tenir debout, même assis, ils courbent la tête ; bien plus, ils ne peuvent mouvoir ni leurs membres, étroitement garrottés, ni leur corps même, [...] chaque homme est attaché à un homme, quelquefois à un cadavre !
1. Ce mot n'a pas, à cette époque, de sens péjoratif.
2. Volés.