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Dossier numérique

Cahiers de doléances et pétitions des femmes

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Texte 1

Invisibles durant la rédaction des cahiers [de doléances], réservée aux hommes ? Les femmes ont-elles été absentes du débat durant le printemps 1789 ? Elles ont en vérité participé aux réunions pour la formulation des doléances. Les sœurs dans les couvents ont écrit leurs plaintes, synthétisées ensuite par des abbés. Des veuves de la noblesse ont donné leur avis, en Provence par exemple. D'autres ont voulu écrire leur propre cahier, l'imprimer et l'envoyer au souverain. Dans la Pétition des femmes du tiers état au roi, elles demandent que leur dignité soit respectée [...]. Se profile une société fortement familialiste et paternaliste, où les maris et les géniteurs s'octroient l'autorité, parlant et agissant pour les femmes. En réaction, le cahier des femmes de Franche-Comté dit la colère face aux violences conjugales, face à la double peine d'un statut de roturière1 et de femme dominée. De façon pragmatique, elles demandent l'égalité dans le couple, elles exigent la gestion du budget domestique, fondement de la conquête de leur dignité et de leur capacité à prendre leurs responsabilités.
Pierre Serna
Que demande le peuple ? Les cahiers de doléances de 1789, Éditions Textuel, Paris, 2019.

1. Personne qui n'appartient pas à la noblesse.
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Texte 2

Sire,

[...] Est-il possible, hélas ! que la moitié des individus qui composent votre royaume soit oubliée, celle qui est chargée de la plus forte et la plus pénible tâche, la plus ingrate, sur laquelle il règne tant d'abus, n'aura pas le moindre représentant, malgré tout le zèle de la nation pour le bien public ; pas un seul député [...]. Oui Sire, telle est la partie malheureuse des femmes. Elles n'ont pas dans l'univers un seul défenseur de leurs droits, de leur liberté, de leurs biens et de leur bonheur […].

Nos demandes sont justes et légitimes, elles ne tendent point au despotisme, nous demandons l'égalité, mais non pas la supériorité [...].
Doléances des femmes de Franche-Comté, 1789.
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Texte 3

Sire,

Dans un temps où les différents ordres de l'État1 sont occupés par leurs intérêts, où chacun cherche à faire valoir ses titres et ses droits, où les uns se tourmentent pour rappeler les siècles de la servitude et de l'anarchie, où les autres s'efforcent de secouer les derniers chainons qui les attachent encore à un impérieux reste de féodalité, les femmes, objets continuels de l'admiration et du mépris des hommes, les femmes, dans cette commune agitation, ne pourraient-elles pas aussi faire entendre leur voix ?

Exclues des Assemblées nationales pour des lois trop bien cimentées pour espérer les enfreindre2, elles ne vous demandent pas, Sire, la permission d'envoyer leurs députés aux États généraux [...].

Nous préférons, Sire, porter notre cause à vos pieds : ne voulant rien obtenir que de votre cœur, c'est à lui que nous adressons nos plaintes et confions nos misères.

Les femmes du tiers état naissent presque toutes sans fortune ; leur éducation est très négligée ou très vicieuse [...]. Les premiers devoirs de la religion remplis, on leur apprend à travailler ; parvenues à l'âge de quinze ou seize ans, elles peuvent gagner cinq ou six sous par jour. Si la nature leur a refusé la beauté, elles épousent, sans dot3, de malheureux artisans, végètent péniblement dans le fond des provinces, et donnent la vie à des enfants qu'elles sont hors d'état d'élever. Si, au contraire, elles naissent jolies, sans culture, sans principes, sans idée de morale, elles deviennent la proie du premier séducteur, font une première faute, viennent à Paris ensevelir la honte, finissent par l'y perdre entièrement et meurent victimes du libertinage.
Pétition des femmes du tiers état au roi, 1789.

1. Le clergé, la noblesse et le tiers état.
2. Dans ces lois, aucune faille ne peut permettre aux femmes d'espérer participer aux Assemblées nationales.
3. Biens et / ou somme d'argent donnée par la famille de la fiancée au fiancé, lors du mariage.
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Question 1
Texte 1 À quel préjugé Pierre Serna s'attaque-t-il ?
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Question 2
Texte 2 et Texte 3 Montrez que le premier paragraphe des deux textes poursuivent le même objectif.
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Question 3
Synthèse
a) De quoi les femmes se plaignent-elles dans ces différents textes ?

b) Que demandent-elles ?
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