DOÑA JOSEPHA, seule.[…] – Serait‑ce déjà lui ?
Un nouveau coup.
C'est bien à l'escalier
Dérobé1.
Un quatrième coup.
Vite, ouvrons.
Elle ouvre la petite porte masquée. Entre don Carlos2, le manteau sur le visage et le
chapeau sur les yeux.
Bonjour, beau cavalier.
Elle l'introduit. Il écarte son manteau, et laisse voir un riche costume de velours et de
soie à la mode castillane de 1519. Elle le regarde sous le nez et recule.
Quoi ! Seigneur Hernani, ce n'est pas vous ! Main‑forte !
Au feu !
DON CARLOS, lui saisissant le bras.
– Deux mots de plus, duègne, vous êtes morte !
Il la regarde fixement. Elle se tait effrayée.
Suis‑je chez doña Sol ? fiancée au vieux duc
De Pastraña, son oncle, un bon seigneur, caduc,
Vénérable et jaloux ? dites ! La belle adore
Un cavalier sans barbe et sans moustache encore,
Et reçoit tous les soirs, malgré les envieux,
Le jeune amant sans barbe à la barbe du vieux.
Suis‑je bien informé ?
Elle se tait. Il la secoue par le bras.
Vous répondrez peut‑être.
DOÑA JOSEPHA. – Vous m'avez défendu de dire deux mots, maître.
DON CARLOS. – Aussi n'en veux‑je qu'un : Oui, non. Ta dame est bien
Doña Sol De Silva ? Parle.
DOÑA JOSEPHA.
– Oui. Pourquoi ?
DON CARLOS.
– Pour rien.
Le duc, son vieux futur3, est absent à cette heure ?
DOÑA JOSEPHA. – Oui.
DON CARLOS. – Sans doute elle attend son jeune ?
DOÑA JOSEPHA. –Oui.
DON CARLOS. – Que je meure !
Secret.
Il s'agit du roi, futur Charles Quint.