LORENZO. – Je lui dirai que c'est un motif de pudeur, et j'emporterai
la lumière ; – cela se fait tous les jours ; – une nouvelle
mariée, par exemple, exige cela de son mari pour entrer dans la
chambre nuptiale, et Catherine passe pour très vertueuse. – Pauvre
fille ! qui l'est sous le soleil, si elle ne l'est pas ? Que ma mère mourût
de tout cela, voilà ce qui pourrait arriver.
Ainsi donc, voilà qui est fait. Patience ! une heure est une heure, et
l'horloge vient de sonner. […] Te voilà, toi, face livide ? (La lune
parait.) Si les républicains étaient des hommes, quelle révolution
demain dans la ville ! Mais Pierre1 est un ambitieux ; les Ruccellaï2
seuls valent quelque chose. – Ah ! les mots, les mots, les éternelles
paroles ! S'il y a quelqu'un là‑haut, il doit bien rire de nous
tous ; cela est très comique, très comique, vraiment. – Ô bavardage
humain ! ô grand tueur de corps morts ! grand défonceur de portes
ouvertes ! ô hommes sans bras !
Non ! non ! je n'emporterai pas la lumière. – J'irai droit au cœur ; il
se verra tuer… Sang du Christ ! on se mettra demain aux fenêtres.
Pourvu qu'il n'ait pas imaginé quelque cuirasse nouvelle, quelque
cotte de mailles. Maudite invention ! Lutter avec Dieu et le diable,
ce n'est rien ; mais lutter avec des bouts de ferraille croisés les uns sur les autres
par la main sale d'un armurier ! – Je passerai le second pour entrer ; il posera
son épée, là, – ou là, – oui, sur le canapé. – […S]'il pouvait lui prendre fantaisie
de se coucher, voilà où serait le vrai moyen ; couché, assis, ou debout ? assis
plutôt. Je commencerai par sortir. Scoronconcolo3 est enfermé dans le cabinet.
Alors nous venons, nous venons ; je ne voudrais pourtant pas qu'il tournât le
dos. J'irai à lui tout droit. – Allons ! la paix, la paix ! l'heure va venir. – Il faut
que j'aille dans quelque cabaret ; je ne m'aperçois pas que je prends du froid, et
je boirai une bouteille ; – Non, je ne veux pas boire. Où diable vais‑je donc ?
les cabarets sont fermés.
Est‑elle bonne fille ? – Oui, vraiment. – En chemise ? Oh ! non, non, je ne le
pense pas. – Pauvre Catherine ! Que ma mère mourût de tout cela, ce serait
triste. Et quand je lui aurais dit4 mon projet, qu'aurais‑je pu y faire ? Au lieu de
la consoler, cela lui aurait fait dire : « Crime ! Crime ! » jusqu'à son dernier soupir ! Je ne sais pourquoi je marche, je tombe de lassitude. (Il s'assoit sur un banc.)
Pierre Strozzi, un républicain.
Nobles florentins qui souhaitent renverser le Duc pour instaurer
une république.
Maitre d'armes de Lorenzo.
Si je lui avais dit.