OLYMPE, à Ferraillon. – Voilà ce qu'elle dit
la dépêche : « Réserver pour tantôt 5 heures
même chambre que dernière fois. Chandebise. » Or, celle qu'il avait la dernière fois,
c'est celle‑ci.
Elle indique la chambre de droite.
FERRAILLON, se levant. – Ah ! parfait !…
Alors, on va y jeter le coup d'œil du maître.
(Il entre dans la chambre suivi de sa femme.)
Ah ! bien, c'est mieux.
OLYMPE. – Et le cabinet de toilette : y a‑t‑il
tout ce qu'il faut ? Très important, le cabinet de toilette !
Elle entre dans le cabinet de toilette.
FERRAILLON. – Maintenant, pressons un peu sur ce bouton pour voir si mon
imbécile d'oncle est à son poste…
Il presse sur le bouton qui est à gauche du lit ; la cloison tourne sur son pivot1,
emmenant le lit qui est en scène et auquel fait place le lit de la chambre contiguë et
dans lequel est Baptistin.
BAPTISTIN, couché sur le dos, entonnant un refrain coutumier. – Oh ! mes rhumatismes ! mes pauvres rhumatismes !
Il est en chemise de nuit, une marmotte2 sur la tête.
FERRAILLON, l'arrêtant. – Oui, bon ! ne te fatigue pas ! Ce n'est que moi.
BAPTISTIN, se mettant sur son séant. – Ah ! c'est toi ? Eh bien, tu vois, toi qui
m'attrapes toujours : j'y suis à mon bureau.
FERRAILLON. – Eh ! bien, mon vieux, je te paie pour ça ! Allez, au tiroir ! (Il
réappuie sur le bouton ; nouveau tour sur pivot de la cloison ramenant le premier
lit.) Tout va bien. (Olympe sort du cabinet de toilette et emboîte le pas à son mari
qui gagne le haut. – Ferraillon, tout en marchant.) Où est Poche3 ?
OLYMPE, suivant son mari. – À la cave, qui range le bois.
FERRAILLON, extrême gauche. – À la cave ! Tu es folle ! Enfin, voyons ! Je t'ai
dit qu'il n'avait qu'un défaut, celui de se saouler, et tu l'envoies à la cave.
OLYMPE. – Mais le vin est cadenassé dans les casiers, il n'y a pas de danger.
FERRAILLON. – Ah ! c'est que, je le connais, le bougre.
Système qui permet de faire disparaitre le lit des amants et apparaitre le lit de Baptistin, en cas
d'arrivée d'un conjoint jaloux.
Bonnet de nuit.