).
SESTIANE. – On expose un enfant dans un bois écarté,
Qui par une tigresse est un temps allaité ;
La tigresse s'éloigne, on la blesse à la chasse,
Elle perd tout son sang, on la suit à la trace,
On la trouve, et l'enfant que l'on apporte au Roi,
Beau, d'un fixe regard, incapable d'effroi.
Le Roi l'aime, il l'élève, il en fait ses délices,
On le voit réussir en tous ses exercices.
Voilà le premier acte. Et dans l'autre suivant
Il s'échappe, et se met à la merci du vent :
Il aborde en une île où l'on faisait la guerre ;
Au milieu d'un combat, il vient comme un tonnerre,
Prend le faible parti1, relève son espoir.
Un Roi lui doit son sceptre, et désire le voir :
Il veut en sa faveur partager sa couronne.
Sa fille en le voyant à l'amour s'abandonne.
Un horrible géant du contraire parti2
Fait semer un cartel3, il en est averti,
Il se présente au champ, il se bat, il le tue ;
Voilà des ennemis la fortune abattue.
Enfin dedans cet acte, il faudrait de beaux vers
Pour dire ses amours et ses combats divers.
AMIDOR. – Ce sujet est fort beau, grave, doux, magnifique ;
Et si je le comprends, il est tragicomique4.