Comment analyser une image fixe ?

• Je repère certaines informations essentielles, contenues pour la plupart dans la légende :
• le nom de l'artiste ;
• le titre de l'œuvre, qui aide souvent à comprendre ce qui est représenté ;
• la date de création, qui permet de situer l'œuvre dans une époque (la Renaissance et les grandes découvertes ; la Première Guerre mondiale...) voire dans un courant artistique (le classicisme, le surréalisme, etc.) ;
• la nature de l'œuvre : peinture, sculpture, dessin, mosaïque, photographie, etc. ;
• les dimensions : un portrait de 4 m de haut ne crée pas du tout la même impression qu'un portrait de 30 cm ; l'image que l'artiste donne de la personne représentée est différente. De plus, jusqu'au XIX^e siècle les grands formats étaient réservés aux sujets jugés « prestigieux » (des scènes historiques, mythologiques, bibliques, etc.) : en constatant, pour le tableau ci-dessous, que Gustave Courbet représente de simples villageois sur une toile de très grand format, on peut imaginer son intention et la polémique que son œuvre a pu susciter ;
• le lieu de conservation : musée, église, château, collection privée, etc. Cela peut parfois vous renseigner sur la raison de la création de l'œuvre (vitrail d'une église par exemple) ;
• la technique ou les matériaux (crayon, huile, collage, etc.) et le support (toile, carton, mur, etc.).

• J'observe les différents plans de l'image.
• Le premier plan = ce qui semble le plus proche quand on regarde l'image.
• L'arrière-plan = ce qui semble le plus éloigné.
• Le second plan = ce qui est situé entre le premier plan et l'arrière-plan.

Ci-dessous, Napoléon est au premier plan, on aperçoit des soldats au second plan, tandis que l'arrière-plan est occupé par les montagnes et le ciel tourmenté. En bas du tableau, au tout premier plan, on peut voir également le nom « Bonaparte » gravé sur une pierre, au-dessus de l'inscription « Karolus Magnus » (Charlemagne) et d'une autre que l'on devine être « Hannibal », deux modèles pour Napoléon.

• Je repère les lignes directrices, c'est-à-dire les lignes qui structurent l'image et vont donner une impression de stabilité ou au contraire de mouvement, d'harmonie ou au contraire de chaos, et qui vont mettre en valeur certains éléments de l'image.
Dans le portrait ci-dessous, les lignes directrices sont pyramidales (en bleu) et ascendantes (en vert). Elles créent une impression de dynamisme, suggèrent que Napoléon n'est qu'au début de son ascension vers le pouvoir et mettent en valeur son regard déterminé et sa main droite qui semble toucher le ciel.
• Je peux commenter les proportions.

Dans le tableau de Courbet, elles sont respectées : les personnages étant sur le même plan, ils sont tous à peu près de la même taille, aucun personnage, n'est particulièrement mis en avant. Dans le tableau de David ci-dessous, c'est le contraire : le peintre exagère l'effet de perspective (ce qui est plus loin nous paraît plus petit que ce qui est plus près) et représente des soldats qui font à peu près la même taille que le pied de Napoléon, etc.

• Je peux également commenter l'angle de prise de vue choisi (
  voir p. 352
  ) ou encore le cadrage (
  voir p. 353-354
  ).
  Dans le tableau de David, Napoléon est représenté en légère contre-plongée, ce qui le rend encore plus impressionnant.

Tous ces éléments de composition m'aident à comprendre ce que l'artiste a voulu mettre en avant dans son tableau.

• On distingue les couleurs chaudes (rouge, orange, ocre, jaune, etc.) des couleurs froides (bleu, vert, etc.).
• On peut analyser les effets de contraste, ou au contraire d'harmonie, entre les couleurs utilisées.
• Certaines couleurs peuvent avoir une valeur symbolique : le blanc = la pureté, le rouge = l'amour ou la violence, l'or = la puissance, le noir = la mort. Toutefois, la symbolique d'une couleur peut changer selon l'œuvre et le contexte. Ainsi, le blanc peut symboliser la pureté dans le portrait d'une jeune femme, mais la mort dans un tableau représentant un spectre.

Dans le tableau de David, le jaune doré et le rouge symbolisent la puissance, le pouvoir, l'énergie.

Dans le tableau représentant Napoléon, celui-ci est mis en valeur à la fois par les dimensions de l'œuvre (Bonaparte est représenté plus grand que nature), le fait qu'il soit au premier plan et représenté en contre-plongée, la disproportion entre sa taille et celle des soldats et des montagnes. Les lignes directrices mettent en valeur sa main droite qui montre le chemin (il est le guide, le chef ), sa main gauche qui tient fermement la bride de son cheval fougueux (il a de la poigne) et son regard calme et déterminé au milieu de l'action.
La fonction de ce portrait n'est donc pas simplement descriptive : alors que Bonaparte est encore sur la route du pouvoir, il s'agit de le présenter comme un chef digne de confiance.