À défaut d'actions d'envergure pour surmonter les conséquences du dérèglement du climat, respectivement 40 et 17 millions d'habitants d'Asie du Sud et d'Amérique se verraient également obligés de se couper de leurs racines. Pour aller où ? Dans les territoires qui, au sein de ces mêmes régions, offrent des conditions décentes de subsistance, que ce soit à travers une activité agricole ou urbaine, dans le commerce et les services, notamment. En Inde, les zones de hauts plateaux, situées entre Bangalore et Chennai sont considérées comme des territoires de développement vers lesquels ces réfugiés climatiques devraient se tourner. En Amérique latine, les grands plateaux qui ceinturent Mexico City et Guatemala City, sont déjà perçus comme des terres promises. Tout comme Nairobi, la capitale du Kenya, à laquelle le boom économique confère un fort pouvoir d'attraction. [...]
Pour autant, [les experts de la Banque mondiale] considèrent que cette lame de fond ne se traduira pas nécessairement par des catastrophes humanitaires en séries et la mise hors jeu de certains pays en termes de rattrapage économique. [...] Comme en Éthiopie, où [...] les terres rendent de moins en moins, tandis que la population explose (+ 85 % d'ici 2050, selon la Banque mondiale). « Ce pays va devoir travailler à la diversification de ses activités et le planifier. Il faudra orienter davantage la main‑d'œuvre vers des secteurs non agricoles », indique en substance le rapport. Les prévisions migratoires avancées dans ce document n'ont, par ailleurs, rien d'inéluctable. Le nombre de 140 millions de « réfugiés climatiques de l'intérieur » pourrait être compris entre 31 et 73 millions en agissant sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre.