Simone de Beauvoir et d'autres intellectuels étaient opposés au référendum du 28 septembre 1958 avec lequel Charles de Gaulle proposait de changer la Constitution pour créer la Ve République. Le 4 septembre, ils participent à une manifestation anti‑référendum pendant que le chef du gouvernement fait un discours place de la République à Paris.
Ignominie1 de la presse, le lendemain. Tout de même, les « centaines de manifestants » du Figaro2, c'est un peu vif. La Préfecture annonçait 150 000 personnes, il y avait 6 000 invités, 4 000 badauds, étrangers ou même gaullistes mystifiés ; nous étions donc 140 000. (Quand j'ai téléphoné le chiffre à Sartre, il a été déçu ; à Rome, les journaux parlaient de 250 000 manifestants.) Rue Beaubourg, il y a eu des balles tirées : quatre blessés par balles. L'Humanité3 et Libération4 donnent des comptes rendus qui se recoupent exactement avec celui que Lanzmann écrit pour le journal du Comité de résistance5 : le malheur c'est que personne ne les lit, sauf les gens de leur bord. Tout de même, à travers les trucages de France‑Soir6, quelques vérités sortent ; et il y a eu les lettres publiées par Le Monde7, le lendemain ; et le ton de Paris Presse8 n'est pas triomphant. Ils avouent qu'un certain « contact » ne s'est pas établi entre de Gaulle et le public. On a entendu son discours, chez Marie-Claire : pas en direct, retransmis à une demi‑heure de distance afin qu'on puisse effacer la rumeur des Non ; voix et discours de vieillard très peu vert9.
[...] Radical trucage des Actualités, de la radio, de la télévision.