Parcours
Texte 5

Constance Pipelet, Épitre aux femmes (1797)

➜ Téléchargez le texte en format A4
13 professeurs ont participé à cette page
Ressource affichée de l'autre côté.
Faites défiler pour voir la suite.

Épitre aux femmes - Constance Pipelet

Crédits : Lelivrescolaire.fr

Constance Pipelet1 prend part à la querelle sur les femmes poètes initiée par Ponce‑Denis Écouchard Le Brun, poète qui s'oppose à ce que les femmes prennent la plume pour faire des vers2. Elle lui répond par une satire poétique, genre très prisé par les hommes.

Écoutons cependant ce que nous dit le sage :
« Femmes, est‑ce bien vous qui parlez d'esclavage ?
Vous, dont le seul regard peut nous subjuguer tous,
Vous, qui nous enchainez tremblants à vos genoux !

Vos attraits, vos pleurs fins3, vos perfides caresses,
Ne suffisent‑ils pas à vous rendre maitresses ?
Eh ! Qu'avez‑vous besoin de moyens superflus ?
Vous nous tyrannisez ; que vous faut‑il de plus ? »
Ce qu'il nous faut de plus ? Un pouvoir légitime.
La ruse est le recours d'un être qu'on opprime.
Cessez de nous forcer à ces indignes soins4 ;
Laissez‑nous plus de droits, et vous en perdrez moins.
Oui, sans doute, à nos pieds notre fierté vous brave,
Un tyran qu'on soumet doit devenir esclave.
Mais ce cruel moyen de nous venger, hélas !
Nous coute bien des pleurs que vous ne voyez pas.
Il est temps que la paix, enfin, nous soit offerte,
De l'étude, des arts, la carrière est ouverte,
Hommes, nous y volons : c'est là que l'univers
Jugera si nos mains doivent porter des fers.

Mais déjà mille voix ont blâmé notre audace ;
On s'étonne, on murmure, on s'agite, on menace ;
On veut nous arracher la plume et les pinceaux ;
Chacun a contre nous sa chanson, ses bons mots ;
L'un, ignorant et sot, vient, avec ironie,
Nous citer de Molière un vers qu'il estropie5 ;
L'autre, vain par système et jaloux par métier,
Dit d'un air dédaigneux : « Elle a son teinturier6 ».
De jeunes gens à peine échappés du collège
Discutent hardiment nos droits, leur privilège ;
Et les arrêts7 dictés par la fatuité8,
La mode, l'ignorance, et la futilité,
Répétés en écho par ces juges imberbes9,
Après deux ou trois jours sont passés en proverbes.


Orthographe modernisée.


1. Née Constance de Théis, elle publie cette épitre sous le nom «  Constance D. T. Pipelet », Pipelet étant le nom de son premier mari. Divorcée, elle épouse le Prince de Salm et publie alors ses écrits sous le nom Constance de Salm.
2. Son « Ode aux belles qui veulent devenir poètes » débute ainsi :
Souveraines dans l'art de plaire,
Les dieux vous firent pour aimer :
L'Amour verrait avec colère
Une nuit perdue à rimer.

3. Délicats, raffinés, mais aussi rusés.
4. Préoccupations.
5. Déforme, abime. On peut imaginer que ces hommes reprennent par exemple les propos de Chrysale (Les Femmes savantes) ou d'Arnolphe (L'École des femmes), qui affirment que les femmes doivent rester ignorantes et soumises à leurs maris.
6. Prête‑plume, auteur anonyme qui écrit des œuvres littéraires sur lesquelles une autre personne met son nom.
7. Jugements.
8. Orgueil démesuré.
9. Sans barbe.
Ressource affichée de l'autre côté.
Faites défiler pour voir la suite.

Préparer l'explication linéaire (8 points)

Ressource affichée de l'autre côté.
Faites défiler pour voir la suite.

Étape 1
Première lecture et repérages

Question 1
Faites des recherches sur Constance Pipelet. Quels éléments biographiques vous semblent intéressants pour présenter cet extrait ?


Question 2
Observez comment le texte progresse : distinguez trois mouvements auxquels vous donnerez un titre.
Afficher la correction
Ressource affichée de l'autre côté.
Faites défiler pour voir la suite.

Étape 2
Analyser le texte

Question 3
Les propos du sage (v. 2 à 8) • a) Relevez le champ lexical de la domination.


b) Repérez une gradation et une anaphore.


c) Quel retournement de situation observez‑vous ?


Question 4
Vers 9 à 20  • a) À qui Constance Pipelet s'adresse‑t‑elle dans ces vers ?


b) Par quels procédés implique‑t‑elle son destinataire ?


Question 5
a) Que réclame l'autrice ?


b) Comment s'exprime son indignation ?


Question 6
Seconde strophe • a) Quelle est la cible des attaques de l'autrice ?


b) Commentez notamment le choix des pronoms sujets des verbes.


Question 7
a) Quel type de lexique est largement employé ?


b) En quoi participe‑t‑il du blâme () formulé par l'autrice ?


Question 8
Quel(s) lien(s) établissez‑vous entre les deux strophes ?
Afficher la correction
Ressource affichée de l'autre côté.
Faites défiler pour voir la suite.

Étape 3
Préparer l'introduction et la conclusion

Question 9
Introduction • Quels mots de la liste suivante choisiriez‑vous pour introduire l'extrait ? Ironie, louanges, indignation, légitimité, parodie (), ridicule.


Question 10
Conclusion • a) Résumez en une phrase l'enjeu de chaque mouvement.


b) Proposez une ouverture sur la ruse féminine.
Afficher la correction
Ressource affichée de l'autre côté.
Faites défiler pour voir la suite.

Préparer la lecture (2 points)

Ressource affichée de l'autre côté.
Faites défiler pour voir la suite.

Question 11
a) Écoutez le texte lu par une comédienne et prenez connaissance des conseils donnés en couleur dans le texte ci‑dessous.

Épitre aux femmes - Constance Pipelet

Crédits : Lelivrescolaire.fr

Écoutons cependant ce que nous dit le sage :
« Femmes, est‑ce bien vous qui parlez d'esclavage ?
Vous, dont le seul regard peut nous subjuguer tous,
Vous, qui nous enchainez tremblants à vos genoux !
Vos attraits, vos pleurs fins, vos perfides caresses,
Ne suffisent‑ils pas à vous rendre maitresses ?
Eh ! Qu'avez‑vous besoin de moyens superflus ?
Vous nous tyrannisez ; que vous faut‑il de plus ? »
Ce qu'il nous faut de plus ? Un pouvoir légitime.
La ruse est le recours d'un être qu'on opprime.
Cessez de nous forcer à ces indignes soins ;
Laissez‑nous plus de droits, et vous en perdrez moins.
Oui, sans doute, à nos pieds notre fierté vous brave,
Un tyran qu'on soumet doit devenir esclave.
Mais ce cruel moyen de nous venger, hélas !
Nous coute bien des pleurs que vous ne voyez pas.
Il est temps que la paix, enfin, nous soit offerte,
De l'étude, des arts, la carrière est ouverte,
Hommes, nous y volons : c'est là que l'univers
Jugera si nos mains doivent porter des fers.

Mais déjà mille voix ont blâmé notre audace ;
On s'étonne, on murmure, on s'agite, on menace ;
On veut nous arracher la plume et les pinceaux ;
Chacun a contre nous sa chanson, ses bons mots ;
L'un, ignorant et sot, vient, avec ironie,
Nous citer de Molière un vers qu'il estropie ;

L'autre, vain par système et jaloux par métier,
Dit d'un air dédaigneux : « Elle a son teinturier. »
De jeunes gens à peine échappés du collège
Discutent hardiment nos droits, leur privilège

Et les arrêts dictés par la fatuité,
La mode, l'ignorance, et la futilité,
Répétés en écho par ces juges imberbes,
Après deux ou trois jours sont passés en proverbes.

Conseils

  • Rythme de lecture
  • Expressivité de la voix
  • Accentuation d'un ou des mot(s)


b) Entrainez‑vous à lire !

Enregistreur audio
Ressource affichée de l'autre côté.
Faites défiler pour voir la suite.

Traiter la question de grammaire (2 points)

Ressource affichée de l'autre côté.
Faites défiler pour voir la suite.

Question 12
Analysez les propositions subordonnées relatives dans le passage souligné.
Afficher la correction
Ressource affichée de l'autre côté.
Faites défiler pour voir la suite.

Résonances pour préparer la dissertation

Ressource affichée de l'autre côté.
Faites défiler pour voir la suite.

La satire, une arme

Question 1
a) À quel(s) endroit(s) de l'œuvre étudiée Gouges recourt‑elle à la tonalité satirique () ?


b) Dans quel(s) but(s) ?


c) Est‑ce une tonalité dominante ?


Question 2
Dans quelle mesure la perspective d'Olympe de Gouges est‑elle différente de celle de Constance Pipelet ?


Question 3
Regardez le film Parasite de Bong Joon Ho (2019).
a) Comment ce film dénonce‑t‑il les inégalités sociales ?


b) Dans quelle mesure répond‑il à la définition d'une satire ?
Afficher la correction
Ressource affichée de l'autre côté.
Faites défiler pour voir la suite.

La puissance des femmes : la ruse ?

Question 4
En quoi le vers 10 résonne‑t‑il avec les propos d'Olympe de Gouges (l. 132 à 144 ) ?
Afficher la correction
Ressource affichée de l'autre côté.
Faites défiler pour voir la suite.

La puissance des femmes : la plume ?

Question 5
Comment l'œuvre étudiée porte‑t‑elle la trace du combat mené par Olympe de Gouges pour être reconnue comme écrivaine ?
Afficher la correction

Une erreur sur la page ? Une idée à proposer ?

Nos manuels sont collaboratifs, n'hésitez pas à nous en faire part.

Oups, une coquille

j'ai une idée !

Nous préparons votre pageNous vous offrons 5 essais
collaborateur

collaborateurYolène
collaborateurÉmilie
collaborateurJean-Paul
collaborateurFatima
collaborateurSarah
Utilisation des cookies
Lors de votre navigation sur ce site, des cookies nécessaires au bon fonctionnement et exemptés de consentement sont déposés.