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Discours prononcé à la Société fraternelle des minimes ‑ Théroigne de Méricourt
Crédits : Lelivrescolaire.fr
Militante active lors de la Révolution, Théroigne de Méricourt a participé à
la prise de la Bastille puis à la marche des femmes à Versailles en octobre 1789. Assidue aux débats à l'Assemblée, elle réclame en 1792 la création d'une
« phalange d'Amazones1 », sorte de garde nationale féminine, pour défendre
la patrie menacée par les puissances européennes.
Françaises, je vous le répète encore, élevons‑nous à la hauteur de nos
destinées, brisons nos fers. Il est temps enfin que les femmes sortent de
leur honteuse nullité où l'ignorance, l'orgueil et l'injustice des hommes
les tiennent asservies depuis si longtemps ; replaçons‑nous au temps où
nos mères, les Gauloises et les fières Germaines2, délibéraient dans les
assemblées publiques, combattaient à côté de leurs époux pour repousser
les ennemis de la liberté. Françaises, le même sang coule toujours dans nos
veines ; ce que nous avons fait à Beauvais, à Versailles, les 5 et 6 octobre3, et dans plusieurs autres circonstances importantes et décisives, prouve que nous ne sommes pas étrangères aux sentiments magnanimes4. Reprenons donc notre énergie ; car si nous voulons conserver notre liberté, il faut
que nous nous préparions à faire les choses les plus sublimes5. Dans le
moment actuel, à cause de la corruption des mœurs, elles nous paraitront
extraordinaires, peut‑être même impossibles ; mais bientôt par l'effet des
progrès de l'esprit public et des lumières, elles ne seront plus pour nous que simples et faciles. Citoyennes, pourquoi n'entrerions‑nous pas en
concurrence avec les hommes ? Prétendent‑ils seuls avoir des droits à la gloire ? Non, non…Et nous aussi nous voulons mériter une couronne
civique6, et briguer7 l'honneur de mourir pour une liberté qui nous est peut‑être plus chère qu'à eux, puisque les efforts du despotisme s'appesantissaient encore plus durement sur nos têtes que sur les leurs.
Oui...généreuses citoyennes, vous toutes qui
m'entendez, armons‑nous, allons nous
exercer deux ou trois fois par semaine aux
Champs‑Élysées, ou au Champ de la
Fédération8 ; ouvrons
une liste d'Amazones
françaises ; et que
toutes celles qui
aiment véritablement
leur patrie, viennent
s'y inscrire [...].
Orthographe et ponctuation modernisées.
1. Guerrières redoutables, dans la mythologie grecque.
2. Franques. Les Francs, issus de tribus germaniques, ont envahi la Gaule à partir
du IIIe siècle après J.‑C.
3. Voir
.
4. Qui manifestent une grandeur et une générosité d'âme.
5. Admirables.
6. Haute distinction militaire dans l'Antiquité romaine.
7. Rechercher avec ardeur.
8. Deux grandes artères parisiennes, hauts lieux de rassemblements révolutionnaires.
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Jean‑Baptiste Lesueur, Théroigne de Méricourt vêtue en amazone (détail), gouache, 1793‑1795, Musée Carnavalet.
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Préparer l'explication linéaire (8 points)
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Étape 1
Première lecture et repérages
Question 1
a) Après de rapides recherches sur Théroigne de Méricourt, quels éléments de biographie choisissez‑vous pour présenter cet extrait ?
b) Dans quel contexte prononce‑t‑elle ce discours ?
Question 2
Observez comment le texte progresse : distinguez deux mouvements
auxquels vous donnerez un titre.
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Étape 2
Analyser le texte
Question 3
Analysez le choix des pronoms et l'adresse aux destinataires. Comment sont‑ils nommés dans le texte ? Pourquoi ?
Conclusion • a) Résumez en une phrase l'enjeu de chaque mouvement.
b) En ouverture, montrez que Gouges et Méricourt conçoivent le « combat » dans un sens différent (propre ou figuré).
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Question 10
a) Écoutez le texte lu par une comédienne et prenez connaissance des
conseils donnés en couleur dans le texte ci‑dessous.
Discours prononcé à la Société fraternelle des minimes ‑ Théroigne de Méricourt
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Françaises, je vous le répète encore, élevons‑nous à la hauteur de nos destinées, brisons nos fers. Il est temps enfin que les femmes sortent de leur honteuse nullité où l'ignorance, l'orgueil et l'injustice des hommes les tiennent asservies depuis si longtemps ; replaçons‑nous au temps où nos mères, les Gauloises et les fières Germaines, délibéraient dans les assemblées publiques, combattaient à côté de leurs époux pour repousser les ennemis de la liberté. Françaises, le même sang coule toujours dans nos veines ; ce que nous avons fait à Beauvais, à Versailles, les 5 et 6 octobre, et dans plusieurs autres circonstances importantes et décisives, prouve que nous ne sommes pas étrangères aux sentiments magnanimes. Reprenons donc notre énergie ; car si nous voulons conserver notre liberté, il faut que nous nous préparions à faire les choses les plus sublimes. Dans le moment actuel, à cause de la corruption des mœurs, elles nous paraitront extraordinaires, peut‑être même impossibles ; mais bientôt par l'effet des progrès de l'esprit public et des lumières, elles ne seront plus pour nous que simples et faciles. Citoyennes, pourquoi n'entrerions‑nous pas en concurrence avec les hommes ? Prétendent‑ils seuls avoir des droits à la gloire ? Non, non… Et nous aussi nous voulons mériter une couronne civique, et briguer l'honneur de mourir pour une liberté qui nous est peut‑être plus chère qu'à eux, puisque les efforts du despotisme s'appesantissaient encore plus durement sur nos têtes que sur les leurs.
Oui... généreuses citoyennes, vous toutes qui m'entendez, armons‑nous, allons nous exercer deux ou trois fois par semaine aux Champs‑Élysées, ou au Champ de la Fédération ; ouvrons une liste d'Amazones françaises ; et que toutes celles qui aiment véritablement leur patrie, viennent s'y inscrire [...].
Conseils
Rythme de lecture
Expressivité de la voix
Accentuation d'un ou des mot(s)
b) Entrainez‑vous à lire !
Enregistreur audio
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Traiter la question de grammaire (2 points)
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Question 11
Analysez l'expression de l'interrogation dans le passage souligné.
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Résonances pour préparer la dissertation
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. Le jugez‑vous plus proche du texte d'Olympe de
Gouges ou de l'extrait de Théroigne de Méricourt ?
Extrait d'un discours de Charlotte Corday
Arrêtée en juillet 1793 pour l'assassinat du député Marat qu'elle accuse d'avoir
trahi la Révolution et de pousser à la guerre civile, Charlotte Corday est traduite devant le Tribunal révolutionnaire. Condamnée à mort, elle écrit une
lettre adressée au peuple dans laquelle elle explique les raisons de son assassinat.
Français ! vous connaissez vos ennemis, levez‑vous ! Marchez ! Que la Montagne1 anéantie ne laisse plus que des frères et des amis ! J'ignore si le ciel nous réserve un gouvernement républicain, mais il ne peut nous donner un Montagnard pour maitre que dans l'excès de ses vengeances.
Ô France, ton repos dépend de l'exécution de la loi, je n'y porte point
atteinte en tuant Marat, condamné par l'univers, il est hors la loi... Quel
tribunal me jugera ? Si je suis coupable, Alcide2 l'était donc lorsqu'il
détruisait les monstres. Mais en rencontra‑t‑il de si odieux ? Ô amis de
l'humanité, vous ne regretterez point une bête féroce engraissée de votre
sang, et vous tristes aristocrates que la Révolution n'a pas assez ménagés,
vous ne le regretterez pas non plus, vous n'avez rien de commun avec lui.
Ô ma patrie ! Tes infortunes déchirent mon cœur, je ne puis t'offrir
que ma vie, et je rends grâce au ciel de la liberté que j'ai d'en disposer.
Personne ne perdra par ma mort, je n'imiterai point Pâris3 en me tuant,
je veux que mon dernier soupir soit utile à mes concitoyens, que ma tête,
portée dans Paris, soit un signe de ralliement pour tous les amis des lois,
que la Montagne chancelante voie sa perte écrite avec mon sang, que
je sois leur dernière victime, et que l'univers vengé déclare que j'ai bien
mérité de l'humanité. Au reste, si l'on voyait ma conduite d'un autre œil,
je m'en inquiète peu.
Qu'à l'univers surpris, cette grande action
Soit un objet d'horreur ou d'admiration,
Mon esprit, peu jaloux de vivre en la mémoire,
Ne considère point le reproche ou la gloire :
Toujours indépendant et toujours citoyen,
Mon devoir me suffit, tout le reste n'est rien.
Allez, ne songez plus qu'à sortir d'esclavage !
[Voltaire, Mort de César]
Mes parents et amis ne doivent point être inquiétés, personne ne savait
mes projets. Je joins mon extrait de baptême à cette adresse pour montrer
ce que peut la plus faible main conduite par un entier dévouement. Si je
ne réussis pas dans mon entreprise, Français, je vous ai montré le chemin,
vous connaissez vos ennemis, levez‑vous, marchez et frappez.
Adresse aux Français, amis des lois et de la paix,
orthographe et ponctuation modernisées.
1. Groupe politique, mené par Robespierre, Marat, Danton, et composé des révolutionnaires les plus radicaux.
2. Nom de naissance de Héraclès (Hercule en latin), célèbre pour ses douze travaux, dont plusieurs consistent à combattre des monstres.
3. Prince troyen qui causa la guerre de Troie et la destruction de sa cité.
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« La guerre sera l'affaire des femmes »
Question 5
Faites des recherches sur la pièce de théâtre Lysistrata d'Aristophane. Comment les femmes y font‑elles la « guerre » ? Aidez‑vous de