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Dossier numérique

La filiation théâtrale des oratrices, d'Aristophane à Marivaux

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Activité 1
Analyse de texte


L'Assemblée des femmes et Lysistrata sont deux comédies du dramaturge grec Aristophane. Lisez les deux extraits suivants et comparez le personnage d'Arthénice chez à celui de Praxagora () et de Lysistrata (). Pour cela, complétez le tableau ci‑dessous.

ArthénicePraxagoraLysistrata
Les marques de l'éloquence (maitrise de l'art du discours) : longueur des répliques, marques de l'énonciation, figures rhétoriques, etc.
Le rapport entre l'oratrice et les autres personnages
Un discours‑portrait de la condition féminine
Les ressorts comiques de l'extrait
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Extrait 1
Aristophane, L'Assemblée des femmes, vers 392 avant J.‑C.

Déguisées en hommes, les Athéniennes se sont réunies à l'aube pour investir l'Assemblée et promulguer de nouvelles lois plus favorables aux femmes.

PRAXAGORA. – J'ai résolu de parler moi‑même pour vous toutes, et de prendre cette couronne. Je prie les dieux de m'accorder la réussite de nos projets. Je souhaite, à l'égal de vous‑mêmes, l'intérêt de ce pays, mais je souffre et je m'indigne de tout ce qui se passe dans notre cité. Je la vois toujours dirigée par des pervers ; et si l'un d'eux est honnête homme une seule journée, il est pervers durant dix jours. Se tourne‑t‑on vers un autre, il fera encore plus de mal. [...] Je dis qu'il nous faut remettre le gouvernement aux mains des femmes. C'est à elles, en effet, que nous confions, dans nos maisons, la gestion et la dépense.

PREMIÈRE FEMME. – Bien, bien, de par Zeus ! bien !

DEUXIÈME FEMME. – Parle, parle, mon bon.

PRAXAGORA. – Combien elles nous surpassent en qualités, je vais le faire voir. Et d'abord toutes, sans exception, lavent les laines dans l'eau chaude, à la façon antique, et tu n'en verras pas une faire de nouveaux essais. La ville d'Athènes, en agissant sagement, ne serait‑elle pas sauvée, si elle ne s'ingéniait d'aucune innovation1 ? Elles s'assoient pour faire griller les morceaux, comme autrefois ; elles portent les fardeaux sur leur tête, comme autrefois ; elles célèbrent les Thesmophoria2, comme autrefois ; elles pétrissent les gâteaux, comme autrefois ; elles maltraitent leurs maris, comme autrefois ; elles ont chez elles des amants, comme autrefois ; elles s'achètent des friandises, comme autrefois ; elles aiment le vin pur, comme autrefois ; elles se plaisent aux ébats amoureux, comme autrefois. Cela étant, citoyens, en leur confiant la cité, pas de bavardages inutiles, pas d'enquêtes sur ce qu'elles devront faire. Laissons‑les gouverner tout simplement, ne considérant que ceci, c'est que, étant mères, leur premier souci sera de sauver nos soldats. Ensuite, qui assurera mieux les vivres qu'une mère de famille ? Pour fournir l'argent, rien de plus entendu3 qu'une femme. Jamais, dans sa gestion, elle ne sera trompée, vu qu'elles sont elles‑mêmes habituées à tromper. J'omets le reste : suivez mes avis, et vous passerez la vie dans le bonheur.

PREMIÈRE FEMME. – Très bien, ma très douce Praxagora, à merveille ! Mais, malheureuse, où t'es‑tu donc si bien instruite ?

PRAXAGORA. – Au temps des fuites, j'habitai avec mon mari sur la Pnyx4, j'entendis les orateurs et je m'instruisis.

PREMIÈRE FEMME. – Je ne m'étonne pas, ma chère, que tu sois éloquente et habile. Nous autres femmes, nous te choisissons, dès à présent, pour chef : à toi d'accomplir ce que tu médites.
Traduit du grec ancien par Eugène Talbot, 1897.

1. Si elle ne cherchait pas à innover.
2. Fête en l'honneur de Déméter, déesse de l'agriculture.
3. Compétent.
4. Colline d'Athènes où se réunit l'assemblée du peuple pour prendre des décisions politiques.
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Extrait 2
Aristophane, Lysistrata, vers 411 avant J.‑C.

Pour obtenir l'arrêt de la guerre qui déchire les cités grecques, Lysistrata réunit les femmes dans l'Acropole et les convainc de mener une grève des relations sexuelles pour forcer les hommes à prendre des décisions plus pacifiques. Ces derniers leur envoient un magistrat pour mener les négociations.

LYSISTRATA. – Soit. Auparavant, et dans tout le cours de la guerre, nous vous avons laissé, sans tracasserie et par un effet de notre douceur, faire tout ce que vous vouliez, et vous ne nous permettiez pas de souffler mot1. Nous jugions cependant fort bien ce que vous faisiez, et souvent nous vous avons vus prendre dans nos maisons de mauvais partis2 sur des affaires importantes ; alors, rongées intérieurement de soucis, nous vous demandions cependant, le sourire aux lèvres : « Qu'avez‑vous résolu aujourd'hui touchant la paix ?3 » Mon mari répondait aussitôt : « Qu'est‑ce que cela te regarde, ne te tairas‑tu pas ? » Et je me taisais.

UNE FEMME. – Ce n'est pas moi qui me serais jamais tue.

LE MAGISTRAT. – Mais il t'en eût couté, si tu n'avais pas gardé le silence.

LYSISTRATA. – Aussi savais‑je me taire. Mais un beau jour que je voyais prendre le parti le plus déplorable, je dis : « Mon ami, comment se fait‑il que tu te comportes si follement ? » Il me répliqua sur‑le‑champ, en me regardant de travers : « Si tu n'ourdis ta trame, tu t'en ressentiras longtemps4. La guerre est l'affaire des hommes. »

LE MAGISTRAT. – Il avait bien raison.

LYSISTRATA. – Comment, misérable, il avait raison ? Il ne nous sera pas permis de vous avertir lorsque vous prenez des délibérations absurdes ? Et cependant, lasses de vous entendre répéter dans tous les coins des rues qu'il n'y avait plus d'hommes dans l'État, qu'il n'y en avait en vérité pas un seul, il a pris fantaisie aux femmes de se réunir pour sauver la Grèce. À quoi aurait servi plus de longanimité5 ? Si vous daignez écouter nos conseils sensés et demeurer en repos à votre tour, nous pourrons rétablir vos affaires.

LE MAGISTRAT. – Vous, nos affaires ? Oh ! cela est trop fort ! Silence !

LYSISTRATA. – Silence !

LE MAGISTRAT. – Ô méchante bête, prétends‑tu me faire taire ? Toi, surtout, avec ton voile sur ta tête ? Que je meure plutôt.

LYSISTRATA. – Si c'est ce voile qui t'offusque, tiens, prends‑le ; couvret'en la tête et tais‑toi. Prends encore ce panier, mets‑toi à filer, mange des fèves, et la guerre sera l'affaire des femmes.
Traduit du grec ancien par André‑Charles Brotier, 1899

1. De dire quoi que ce soit.
2. De mauvaises décisions.
3. Qu'avez‑vous décidé aujourd'hui concernant la paix ?
4. Si tu ne t'occupes pas de tisser, tu en subiras longtemps les conséquences.
5. Indulgence.
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Activité 2
Analyse d'images

Analysez ces quatre affiches.
a) Sur quel(s) aspect(s) des intrigues chacune d'elles met‑elle l'accent ?
b) Quels sont leurs points communs ?
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Doc. 1
L'Assemblée des femmes, d'après Aristophane, affiche de la mise en scène de Sofia Verdon

L'Assemblée des femmes, d'après
Aristophane, affiche de la mise en scène
de Sofia Verdon au théâtre du VidePoche, Lausanne (Suisse), 2018
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L'Assemblée des femmes, d'après Aristophane, affiche de la mise en scène de Sofia Verdon au théâtre du Vide‑Poche, Lausanne (Suisse), 2018.
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Doc. 2
L'Assemblée des femmes, d'après Aristophane, affiche de la mise en scène d'Aneta Szynkie

 L'Assemblée des femmes,
d'après Aristophane, affiche de la
mise en scène d'Aneta Szynkiel au
Théâtre Les Enfants Terribles, Paris,
2015
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L'Assemblée des femmes, d'après Aristophane, affiche de la mise en scène d'Aneta Szynkiel au Théâtre Les Enfants Terribles, Paris, 2015.
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Doc. 3
Lysistrata, d'après Aristophane, affiche de la mise en scène de Raymond Acquaviva

Lysistrata, d'après Aristophane,
affiche de la mise en scène de Raymond
Acquaviva au Sudden Théâtre, Paris, 2011
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Lysistrata, d'après Aristophane, affiche de la mise en scène de Raymond Acquaviva au Sudden Théâtre, Paris, 2011.
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Doc. 4
Lysistrata, d'après Aristophane, affiche de la mise en scène de Raymond Acquaviva

Lysistrata d'Yvon Pradel d'après
Aristophane, affiche de la mise en
scène d'Aymeric Chauffert, association
Les Escholiers,
Plaisance-du-Touch (31), 2014
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Lysistrata d'Yvon Pradel d'après Aristophane, affiche de la mise en scène d'Aymeric Chauffert, association Les Escholiers, Plaisance‑du‑Touch (31), 2014.

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