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EMC
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Annexes
Biographies, Atlas, Notions, Rétrospective 2021
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Exclusivité numérique

La Marseillaise anticléricale (1881)

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Introduction
Léo Taxil est un écrivain et journaliste français de la Troisième République. En 1881, il compose La Marseillaise anticléricale, appelée ainsi parce qu'elle reprend l'air et la forme des couplets de l'hymne républicain pour diffuser un discours anticlérical, caractéristique de l'idéologie des républicains radicaux de la fin du XIXe siècle.
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Supplément numérique

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Léo Taxil, La Marseillaise anticléricale, 1881.

Allons ! Fils de la République,
Le jour du vote est arrivé !
Contre nous de la noire clique
L'oriflamme ignoble est levé. (bis)
Entendez‑vous tous ces infâmes
Croasser leurs stupides chants ?
Ils voudraient encore, les brigands,
Salir nos enfants et nos femmes !

Refrain

Aux urnes, citoyens, contre les cléricaux !
Votons, votons et que nos voix
Dispersent les corbeaux !

Que veut cette maudite engeance,
Cette canaille à jupon noir ?
Elle veut étouffer la France
Sous la calotte et l'éteignoir ! (bis)
Mais de nos bulletins de vote
Nous accablerons ces gredins,
Et les voix de tous les scrutins
Leur crieront : À bas la calotte !

Quoi ! Ces curés et leurs vicaires
Feraient la loi dans nos foyers !
Quoi ! Ces assassins de nos pères
Seraient un jour nos meurtriers ! (bis)
Car ces cafards, de vile race,
Sont nés pour être inquisiteurs…
À la porte, les imposteurs !
Place à la République ! Place !
Tremblez, coquins ! Cachez‑vous, traîtres !
Disparaissez loin de nos yeux !
Le Peuple ne veut plus des prêtres,
Patrie et Loi, voilà ses dieux (bis)
Assez de vos pratiques niaises !
Les vices sont vos qualités.
Vous réclamez des libertés ?
Il n'en est pas pour les punaises !

Citoyens, punissons les crimes
De ces immondes calotins,
N'ayons pitié que des victimes
Que la foi transforme en crétins (bis)
Mais les voleurs, les hypocrites,
Mais les gros moines fainéants,
Mais les escrocs, les charlatans...
Pas de pitié pour les jésuites !

Que la haine de l'imposture
Inspire nos votes vengeurs !
Expulsons l'horrible tonsure,
Hors de France, les malfaiteurs ! (bis)
Formons l'union radicale,
Allons au scrutin le front haut :
Pour sauver le pays il faut
Une chambre anticléricale.
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L'anticléricalisme dans la culture politique de la Troisième République

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Quantité d'écrits républicains visaient ainsi à discréditer les membres du clergé dans tout leur être physique et moral, à fixer l'attention du public sur des sujets épineux (les mœurs) ou sur des nécessités politiques (la séparation). [...] Songeons aussi à des formes d'expression mixtes (visuelles et sonores) ; les chansons et les « blagues » anticléricales, lues d'abord, répétées, colportées ensuite. Parmi les chansons anticléricales, citons‑en [une] dont le timbre assurait une diffusion aisée : La Marseillaise anticléricale (timbre de La Marseillaise) [...]. Immédiatement après la victoire de la République des républicains, ceux‑ci prirent, dans de nombreuses communes, des arrêtés pour interdire toute cérémonie hors des édifices consacrés au culte, en invoquant soit la liberté de conscience pour les villes [...], soit les troubles, toujours susceptibles de survenir entre catholiques et non catholiques. [...] Les pétitionnaires ne reculaient pas devant le chantage : si la procession sortait de l'église, eux aussi seraient présents dans la rue ; ils répondraient aux cantiques par La Marseillaise, La Carmagnole1 ; si on les attaquait, ils se défendraient.
Jacqueline Lalouette
« Dimensions anticléricales de la culture républicaine (1870-1914) », Histoire, Économie & Société, 1991.

1. Chanson révolutionnaire composée en 1792, et qui devient un hymne des sans‑culottes.
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Un pastiche critique et engagé

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La « noire clique », les « infâmes », les « corbeaux », la « calotte » sont autant de dénominations des membres du clergé visés par les anticléricaux. Dans les journaux anticléricaux, ils sont souvent représentés comme des oiseaux de proie diaboliques, prêts à détruire la république.
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Placeholder pour Georges Clemenceau (1841-1929) et Léon Gambetta (1838-1882)Georges Clemenceau (1841-1929) et Léon Gambetta (1838-1882)
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La chanson fait référence à un vote imminent auquel elle invite pour « disperser les corbeaux ». Le couplet n° 6 explique aussi qu'il faut voter pour former une « union radicale ». Il s'agit d'élections législatives où les électeurs sont encouragés à voter en faveur du parti radical, bien connu pour son anticléricalisme et incarné par Georges Clemenceau (1841‑1929) et Léon Gambetta (1838‑1882).
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Placeholder pour Georges Clemenceau (1841-1929)Georges Clemenceau (1841-1929)
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Cet anticléricalisme annonce les lois sur l'interdiction des congrégations religieuses non autorisées puis des écoles religieuses. Commencent alors des expulsions de clercs, forcés de se séculariser, c'est‑à‑dire de retourner à la vie civile. Un tel contexte annonce aussi la loi sur la séparation des Églises et de l'État, adoptée en 1905 sous le gouvernement d'Émile Combes, un républicain radical, bien visible sur la caricature ci‑dessus.
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À vous de jouer !
1. D'après la chanson, pourquoi le clergé est‑il considéré comme un ennemi de la république ?
2. À quelle occasion était chantée La Marseillaise anticléricale ? Pourquoi était‑ce un acte engagé ?
3. Montrez que la laïcité a été le fruit d'un long combat au cours de la Troisième République.
4.
Activité en binôme
Cherchez une autre chanson composée pendant la Troisième République. Faites‑la écouter à la classe et expliquez le message qu'elle véhicule.
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