Le temps est passé où l'on confinait les femmes dans les soins du ménage. Qui donc aujourd'hui estimerait la jeune fille qui ne parerait que son corps sans cultiver son esprit ? Sans doute, ni l'algèbre, ni la géométrie, ni les grands problèmes du gouvernement des peuples, ni les trésors de l'érudition, ni les secrets de l'éloquence1 ne lui seront demandés ; mais, si elle écrit mal et parle plus mal encore la langue de son pays ; si la conversation est vide, son style vulgaire ; si, ignorant l'histoire de sa propre nation, elle n'a de goût que pour les frivolités romanesques2 ; [...] si elle ne sait pas assez de comptabilité pour donner à sa maison l'ordre et l'économie ; si elle hésite sur les grandes vérités de la religion qu'un jour elle devra enseigner à ses enfants ; où sera, je ne dis pas seulement sa distinction, mais sa consolation et sa part d'influence au sein de la famille et de la société ?
Mais si le travail intellectuel a son importance, le travail manuel a aussi la sienne, et il est plus indispensable. Il est d'ailleurs facile de déterminer la part qui doit lui être faite dans l'instruction des jeunes filles. [...] Le travail à l'aiguille, je l'ai dit bien des fois, joue le rôle le plus important dans l'existence de la femme ; il est le gagne‑pain de l'ouvrière, la source du bien‑être et de l'économie pour la mère de famille, le meilleur palliatif3 contre l'ennui. [...] Tout en faisant la part des travaux d'agrément ou de fantaisie, tels que la broderie, la tapisserie, le crochet, les fleurs artificielles, donnez toujours la préférence aux ouvrages utiles, comme la couture, le raccommodage du linge, les reprises, le tricot, la confection des vêtements les plus simples.