Rondeau parfait
À ses amis après sa délivrance
En liberté maintenant me
promène1,
Mais en prison pourtant je fus cloué :
Voilà comment
Fortune2 me démène.
C'est bien, et mal. Dieu soit de tout loué.
Les envieux ont dit, que
de Noé3
N'en sortirais‑: que la mort les emmène.
Malgré leurs dents le nœud est dénoué,
En liberté maintenant me promène.
Pourtant si j'ai fâché
la cour romaine4,
Entre
méchants5 ne fus
oncq6 alloué :
Des
biens famés7 j'ai hanté le domaine :
Mais en prison pourtant je fus cloué.
Car aussitôt que fus désavoué
De celle‑là8, qui me fut tant humaine,
Bientôt après à
Saint Pris9 fus voué :
Voilà comment Fortune me démène.
J'eus à Paris prison fort inhumaine ;
À Chartres10 fus doucement encloué.
Maintenant vais où mon plaisir me mène.
C'est bien, et mal. Dieu soit de tout loué.
Au fort11, amis, c'est à vous bien joué,
Quand votre main hors du parc me ramène.
Écrit, et fait d'un cœur bien enjoué,
Le premier jour de
la verte Semaine12,
En liberté.