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Repères - Histoire
Partie 1 • Le roman et le récit du Moyen Âge au XXIe siècle
L’épopée antique et la chanson de geste
La fin’amor et les romans de chevalerie
Récits comiques médiévaux et humanistes
Fictions baroques
Le classicisme
Les romans épistolaires
Le romantisme
Le réalisme
Le naturalisme
Les récits de guerre
L’exploration de la conscience
Interroger l’existence humaine
Le Nouveau Roman
Les récits de vie
Partie 2 • La littérature d’idées du XVIe au XVIIIe siècle
Le baroque
Le libertinage
Les moralistes de l’époque classique
Les philosophes des Lumières
Partie 3 • Le théâtre du XVIIe au XXIe siècle
Le théâtre baroque
La tragédie classique
La comédie classique
Le théâtre au siècle des Lumières
Le drame romantique et le théâtre de boulevard
Les réécritures des mythes antiques
Du théâtre de la cruauté au théâtre de l’absurde
Le théâtre engagé
Les nouvelles formes de théâtre
Partie 4 • La poésie du XIXe au XXIe siècle
La poésie romantique
Le Parnasse
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Chapitre‑2.1
Texte E
Littérature étrangère
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Bartolomé de Las Casas, Très brève relation de la destruction des Indes (1552)

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Texte

Bartolomé de Las Casas, premier prêtre des Amériques, écrit une lettre au roi d'Espagne pour décrire la brutalité des conquistadors espagnols sur les iles d'Hispaniola (aujourd'hui Haïti et la République dominicaine) et de Cuba.

Sur la grande terre ferme nous sommes certains que nos Espagnols, par leurs cruautés et leurs œuvres néfastes, ont dépeuplé et dévasté des terres pleines d'hommes doués de raison qui sont aujourd'hui désertes. Ce sont plus de dix royaumes plus grands que toute l'Espagne, l'Aragon et le Portugal réunis, et plus de terre qu'il n'y en a deux fois entre Séville et Jérusalem, ce qui fait plus de deux milles lieues.

Au cours de ces quarante ans, plus de douze millions d'âmes, hommes, femmes et enfants, sont morts injustement à cause de la tyrannie et des œuvres infernales1 des chrétiens. C'est un chiffre sûr et véridique. Et en réalité je crois, et je ne pense pas me tromper, qu'il y en a plus de quinze millions.

Ceux qui sont allés là‑bas et qui se disent chrétiens ont eu principalement deux manières habituelles d'extirper et de rayer de la face de la terre ces malheureuses nations. L'une en leur faisant des guerres injustes, cruelles, sanglantes et tyranniques. L'autre, après avoir tué tous ceux qui pourraient désirer la liberté, l'espérer ou y penser, ou vouloir sortir des tourments qu'ils subissaient, comme tous les seigneurs naturels et les hommes (car dans les guerres on ne laisse communément en vie que les jeunes et les femmes), en les opprimant dans la plus dure, la plus horrible et la plus brutale servitude à laquelle on a jamais soumis hommes ou bêtes. À ces deux formes de tyrannie infernale se réduisent, se résument et sont subordonnées toutes les autres, infiniment variées, de destruction de ces peuples.

Si les chrétiens ont tué et détruit tant et tant d'âmes et de telle qualité, c'est seulement dans le but d'avoir de l'or, de se gonfler de richesses en très peu de temps et de s'élever à de hautes positions disproportionnées à leur personne. À cause de leur cupidité et de leur ambition insatiables2, telles qu'il ne pouvait y en avoir de pires au monde, et parce que ces terres étaient heureuses et riches, et ces gens si humbles, si patients et si facilement soumis, ils n'ont eu pour eux ni respect, ni considération, ni estime. (Je dis la vérité sur ce que je sais et ce que j'ai vu pendant tout ce temps.) Ils les ont traités je ne dis pas comme des bêtes (plût à Dieu qu'ils les eussent traités et considérés comme des bêtes), mais pire que des bêtes et moins que du fumier.

C'est ainsi qu'ils ont pris soin de leurs vies et de leurs âmes, et c'est pourquoi ces innombrables gens sont morts sans foi et sans sacrements3. Or c'est une vérité notoire et vérifiée, reconnue et admise par tous, même par les tyrans et les assassins, que jamais les Indiens de toutes les Indes4 n'ont fait le moindre mal à des chrétiens. Ils les ont d'abord crus venus du ciel jusqu'à ce que, à plusieurs reprises, les chrétiens leur aient fait subir, à eux ou à leurs voisins, toutes sortes de maux, des vols, des meurtres, des violences et des vexations.
Chapitre XV, orthographe et syntaxe modernisées.
Traduit de l'espagnol par Fanchita Gonzales Battle, © Éditions La Découverte, 1983.
1. Dignes des enfers.
2. Qui ne peuvent pas être satisfaites.
3. Sans croire en Dieu et sans avoir reçu les sacrements de la religion chrétienne (comme le baptême, par exemple).
4. De toute l'Amérique.
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Questions

1. Comment Bartolomé de Las Casas construit‑il son réquisitoire contre les conquistadors espagnols ?

2.
Grammaire
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Éclairage 

Le prêtre espagnol Las Casas prend la défense des Amérindiens lors de la controverse de Valladolid contre le théologien Juan Ginés de Sepúlveda. Le procès porte sur le comportement des Espagnols aux Amériques. Il s'agissait de savoir si la conquête était légitime et si les Amérindiens avaient les mêmes droits que les Européens. Las Casas obtient l'arrêt de la mise en esclavage des Amérindiens, mais cela provoqua la traite et l'esclavage des Noirs.

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