4'33" est une partition de musique avant‑gardiste composée, souvent
décrite comme « quatre minutes trente‑trois secondes de silence », mais
qui est en fait constituée des sons de l'environnement que les auditeurs
entendent lorsqu'elle est interprétée.
Le morceau a été écrit en principe pour le piano et est structuré en trois
mouvements principaux. Sur la partition, chacun est présenté au moyen de
chiffres romains et est annoté tacet, qui est le terme utilisé dans la musique
occidentale pour indiquer à un instrumentiste qu'il doit rester silencieux
pendant toute la durée du mouvement. Vers la fin des années 1940, John
Cage visita la chambre insonorisée de l'université Harvard. Il s'attendit
à « entendre » le silence lorsqu'il entra dans la chambre, mais comme il
l'écrivit plus tard : « J'entendis deux bruits, un aigu et un grave. Quand
j'en ai discuté avec l'ingénieur en charge, il m'informa que le son aigu était
celui de l'activité de mon système nerveux et que le grave était le sang qui
circulait dans mon corps. » C'est à ce moment qu'il réalisa l'impossibilité de
trouver le silence quel que soit l'endroit et qui le mena à composer 4'33".
Cage écrivit dans Les Confessions d'un compositeur (1948) que son désir le
plus cher était de pouvoir composer un morceau de silence ininterrompu.
Ce dernier durera 4 minutes et 33 secondes, qui est la longueur standard de
la musique « en boîte » et que son titre sera « une prière silencieuse ». Cage
commenta son œuvre : « Elle s'ouvrira avec une idée simple que j'essayerai
de rendre aussi séduisante que la couleur, la forme et le parfum d'une fleur.
La fin s'approchera de l'imperceptibilité. »
Les autres influences de ce morceau proviennent des arts visuels : des amis
de Cage, comme Robert Rauschenberg avaient produit une série de peintures
« blanches ». Apparemment « vides », ces toiles changeaient de ton en
fonction de la luminosité de la chambre dans laquelle elles étaient exposées
ou en fonction de l'ombre des personnes les visualisant.