Les arts contemporains cherchent à abolir les frontières entre eux et
à modifier les règles qui les régissent. Deux notions, très présentes,
sont définies ici : la performance et le happening.
Les concepts de performances et de happening
correspondent, dès les années 1950, à un besoin de
renouveler la notion d'œuvre d'art. L'interprète et le
créateur transgressent leurs rôles en les confondant. Le
décloisonnement des différentes disciplines artistiques
(théâtre, danse, musique, arts plastiques) et l'irruption
de la vie dans l'art en constituent les fondements.
La performance
[...] En permettant à toutes les disciplines de se
croiser, la performance permet de déstructurer le
langage propre à chaque art. « C'est le lieu où peuvent
exister la théâtralité sans théâtre et la picturalité sans
peinture. » C'est également le lieu où peut exister la
musique sans musique, comme le montre l'œuvre
4'33" de John Cage où aucune note n'est jouée du
début à la fin de l'œuvre et où seuls les mouvements du ou des musiciens
donnent l'indication de trois parties. Ce sont les bruits extérieurs qui
créent la substance principale de l'œuvre, en somme l'œuvre devient une
manifestation sonore de la vie réelle. Dans Duet on ice, la performer Laurie Anderson, « vêtue d'un costume de Pierrot et chaussée de patins pris dans un bloc de glace […] joue des partitions de musique populaire sur les cordes
d'un violon trafiqué ». Entre ses « interventions musicales », elle s'adresse
au public en parlant des choses de la vie quotidienne. La performance
s'arrête un fois que la glace est fondue. La durée est donc intégrée dans le
processus même de la performance.
Le happening
[...] Proche du mouvement Fluxus, Allan Kaprow définit ainsi le happening : « les happenings sont des événements qui, pour dire les choses
simplement, ont lieu. Pourtant, les meilleurs d'entre eux ont un impact
incontestable qui est, nous en avions le sentiment qu'ici il se passe quelque
chose d'important – ils semblent n'aller nulle part et ne soulever aucun
point littéraire particulier. Par contraste avec les arts du passé, ils n'ont ni
commencement structuré, ni milieu, ni fin. Leur forme est ouverte quant
à leur façon de finir et fluide ; rien de clair n'est recherché, et cependant
rien n'est acquis, excepté la certitude d'un certain nombre de faits auxquels
nous sommes attentifs au‑delà de la normale. Ils existent pour une simple
mise en jeu, ou seulement pour un petit nombre, et ont toujours lieu à
l'occasion de nouvelles mises en jeu. »