Néanmoins, la dignité et l'autorité royale demeurent toujours en leur entier, ni totalement absolues, ni par trop restreintes, mais réglées et réfrénées par de bonnes lois, ordonnances et coutumes, établies de façon à ne pouvoir être rompues ni annihilées […]. Et pour parler des freins par lesquels la puissance des rois de France est réglée, j'en trouve trois principaux : la religion, la justice et la police. Quant au premier, ce royaume est appelé très chrétien et les rois très chrétiens. […] Or si le roi vit (au moins en apparence) selon la loi et la religion chrétiennes, il ne peut faire des choses tyranniques […]. Le second frein est la justice qui sans point de difficulté est plus autorisée en France qu'en nul autre pays du monde à cause des parlements qui ont été institués principalement à cet effet afin de réfréner la puissance absolue dont voudraient user les rois […]. Le troisième frein est celui de la police1, à savoir de plusieurs ordonnances qui ont été faites par les rois eux mêmes et ensuite confirmées et approuvées de temps en temps : elles tendent à la conservation générale du royaume.
Police est ici plutôt synonyme d'« administration ».