Dans Les Tragiques,
d'Aubigné dénonce les persécutions subies
par les protestants. Il s'adresse ici aux princes catholiques
Vous qui avez donné ce sujet à ma plume,
Vous‑mêmes qui avez porté sur mon enclume
Ce foudre rougissant acéré de fureur,
Lisez‑le, vous aurez horreur de votre horreur !
Non pas que j'aie espoir qu'une pudique honte
Vos pâles fronts de chiens par vergogne surmonte ;
[…] J'en ai rougi pour vous, quand l'acier de mes vers
Burinait1 votre histoire aux yeux de l'Univers :
[…] Prête‑moi, Vérité, ta pastorale2 fronde,
Que j'enfonce dedans la pierre la plus ronde
Que je pourrai choisir, et que ce caillou rond
Du vice Goliath3 s'enchasse dans le front.
L'ennemi mourra donc, puisque la peur est morte.
Le temps a crû4 le mal ; je viens en cette sorte,
Croissant avec le temps de style, de fureur,
D'âge, de volonté, d'entreprise et de cœur.
Et d'autant que le monde est raide5 en sa malice
Je deviens raide aussi pour guerroyer le vice.
1. Gravait
2. De berger.
3. (Bible) Géant tué par le berger David.
4. Augmenté.
5. Ferme.
a. Comment l'auteur implique‑t‑il ses destinataires ?
b. Quels modalisateurs utilise‑t‑il ?
c. Analysez
l'image qu'il donne de lui‑même.
d. Selon vous, l'argumentation est‑elle efficace ?