Ressource affichée de l'autre côté. Faites défiler pour voir la suite.
Comment l'écriture d'Aimé Césaire sert-elle son engagement ?
Ressource affichée de l'autre côté. Faites défiler pour voir la suite.
Texte
Écoutez l'extrait
Extrait
Cet extrait du Cahier d'un retour au pays natal se situe quasiment au début du poème.
Au bout du petit matin bourgeonnant d'anses1 frêles les Antilles qui ont faim, les Antilles grêlées de petite vérole, les Antilles dynamitées d'alcool, échouées dans la boue de cette baie, dans la poussière de cette ville sinistrement échouées.
Au bout du petit matin, l'extrême, trompeuse désolée eschare2 sur la blessure des eaux ; les martyrs3 qui ne témoignent pas ; les fleurs du sang qui se fanent et s'éparpillent dans le vent inutile comme des cris de perroquets babillards ; une vieille vie menteusement souriante, ses lèvres ouvertes d'angoisses désaffectées ; une vieille misère pourrissant sous le soleil, silencieusement ; un vieux silence crevant de pustules tièdes,
l'affreuse inanité4 de notre raison d'être.
Au bout du petit matin, sur cette plus fragile épaisseur de terre que dépasse de façon humiliante son grandiose avenir – les volcans éclateront, l'eau nue emportera les taches mûres du soleil et il ne restera plus qu'un bouillonnement tiède picoré d'oiseaux marins – la plage des songes et l'insensé réveil.
Au bout du petit matin, cette ville plate – étalée, trébuchée de son bon sens, inerte, essoufflée sous son fardeau géométrique de croix éternellement recommençante, indocile à son sort, muette, contrariée de toutes façons, incapable de croître selon le suc de cette terre, embarrassée, rognée, réduite, en rupture de faune et de flore.
Au bout du petit matin, cette ville plate – étalée...
Et dans cette ville inerte, cette foule criarde si étonnamment passée à côté de son cri comme cette ville à côté de son mouvement, de son sens, sans inquiétude, à côté de son vrai cri, le seul qu'on eût voulu l'entendre crier parce qu'on le sent sien lui seul ; parce qu'on le sent habiter en elle dans quelque refuge profond d'ombre et d'orgueil, dans cette ville inerte, cette foule à côté de son cri de faim, de misère, de révolte, de haine, cette foule si étrangement bavarde et muette.
1. Petite crique le long de la côte. 2. Plaie due à une immobilité prolongée. 3. Personne acceptant le supplice pour témoigner de sa foi. 4. Ce qui est vide, sans réalité, sans intérêt, le néant.
Ressource affichée de l'autre côté. Faites défiler pour voir la suite.
Ressource affichée de l'autre côté. Faites défiler pour voir la suite.
Je découvre le texte
1. Pour chaque strophe, notez et dessinez sur une feuille ce que vous voyez, entendez, ressentez. Selon vous, qu'est-ce que le poète cherche à nous faire ressentir et comprendre ?
Dépliez pour dessiner le schéma
Cette fonctionnalité est accessible dans la version Premium.
2. En groupe, préparez la lecture à voix haute du texte : identifiez quelle émotion vous voulez transmettre et la manière dont vous allez procéder pour y parvenir.
3. Après avoir écouté les lectures de vos camarades et discuté de leurs intentions, écrivez votre cheminement de lecture : À la découverte du poème, j'ai été touché par..., j'ai pensé que le poème évoquait... / Après les lectures à voix haute, je retiens que...
Afficher la correction
Une erreur sur la page ? Une idée à proposer ?
Nos manuels sont collaboratifs, n'hésitez pas à nous en faire part.
Oups, une coquille
j'ai une idée !
Nous préparons votre pageNous vous offrons 5 essais
Yolène
Émilie
Jean-Paul
Fatima
Sarah
Utilisation des cookies
Lors de votre navigation sur ce site, des cookies nécessaires au bon fonctionnement et exemptés de consentement sont déposés.