J'ai commencé à peindre... par ennui, car j'étais alitée depuis un an suite à un accident au cours duquel je m'étais fracturé l'épine dorsale, un pied et d'autres os. J'avais seize ans à l'époque et j'étais pleine d'enthousiasme à l'idée de faire des études de médecine. Mais tout s'est arrêté dans le choc entre un bus de Coyoácan et un tramway de Tlapan... Comme j'étais jeune, ce malheur n'a pas tourné au tragique : j'avais assez d'énergie pour faire n'importe quoi au lieu d'étudier la médecine. Et sans trop m'en rendre compte je me suis mise à peindre.
Je ne saurais dire si mes tableaux sont surréalistes ou pas, mais je sais qu'ils sont la plus franche expression de moi-même, sans jamais tenir compte des jugements ou des préjugés de quiconque. Je n'ai pas beaucoup peint et je l'ai fait sans le moindre désir de gloire, sans la moindre ambition, avec la conviction, d'abord de me faire plaisir, et plus tard de pouvoir gagner ma vie avec mon métier. Des voyages que j'ai faits, au cours desquels j'ai vu et observé tout ce que j'ai pu, des peintures magnifiques et d'autres déplorables, j'ai tiré deux choses positives : la nécessité de faire de mon mieux pour être moi-même, et l'amer constat que plusieurs vies ne suffiraient pas à peindre comme je voudrais et tout ce que je voudrais.