Introduction | Entrée en matière : propos général qui introduit le sujet. |
Les écrivains qui ont réfléchi à la question de l'identité sont souvent ceux qui ont voyagé et se sont confrontés à des cultures différentes de la leur. L'expérience d'une vie dans un pays différent de celui où l'on est né conduit à changer sa manière de parler, ses habitudes de vie quotidienne et semble finalement construire une nouvelle identité.
Il est donc intéressant de se demander si avoir vécu dans un pays étranger est une condition nécessaire à l'acquisition d'une identité multiple et riche. Nous étudierons d'abord la nature composite de l'identité de celui qui a connu l'expérience de l'exil ou de l'expatriation. Puis nous montrerons que cette mosaïque identitaire concerne aussi celles et ceux qui ont toujours vécu dans le pays où ils sont nés. |
Reformulation du sujet : question indirecte. Annonce du plan : deux grandes parties. |
Première grande partie (I) : | Idée directrice 1. |
Les personnes ayant vécu dans différents pays semblent plus particulièrement développer une personnalité en mosaïque.
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Première sous‑partie (A) : | Formulation de l'argument 1. |
Tout d'abord, l'expatriation suppose la plupart du temps de parler deux langues différentes. En effet, l'apprentissage d'une langue étrangère influe grandement sur l'identité d'une personne. Ainsi, l'auteur franco‑libanais, Amin Maalouf, né « à la lisière de deux pays, de deux ou trois langues », explique dans son essai Les Identités meurtrières combien ces deux langues, l'arabe et le français, ont façonné sa vie d'enfant puis d'adulte. Il rappelle les expériences vécues, les émotions éprouvées de manières différentes dans l'une et l'autre langue, exprimant par là l'enrichissement constant que cette double acquisition a insufflé. De même, Tahar Ben Jelloun, auteur marocain de langue française, se demande du point de vue linguistique quelle est la patrie d'un écrivain. Sa patrie est, selon lui, « la langue dans laquelle il écrit » : « Suis‑je pour autant un Français ? Littérairement oui. Je suis un écrivain français, d'un type particulier, un Français dont la langue maternelle affective et émotionnelle est l'arabe. » Être au carrefour de plusieurs langues permet donc bien d'être à la source d'une diversité culturelle souvent très formatrice. D'ailleurs, de nombreuses familles expatriées valorisent ce bilinguisme à la maison, permettant à leurs enfants un accès à deux mondes parfois éloignés mais aussi une approche différente des mots et un esprit plus ouvert aux changements.
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Deuxième sous‑partie (B) : | Formulation de l'argument 2. |
De plus, vivre dans un nouveau pays permet de découvrir une nouvelle culture, de nouvelles manières de vivre en société, de développer de nouveaux modes de pensée. Ainsi, Nancy Huston, autrice canadienne de l'essai Nord perdu, a d'abord vécu en Allemagne, pendant son enfance, puis en France, à partir de ses vingt ans. En Allemagne, elle a eu l'impression de découvrir « une nouvelle identité » et d'être devenue une petite Allemande. De même, en s'installant en France, elle a l'impression de « rajeunir », car elle construit une nouvelle vie et développe de nouveaux aspects de sa personnalité. D'ailleurs, la rencontre avec d'autres milieux sociaux, la découverte d'autres langues, l'ouverture vers une autre culture, n'étaient‑ce pas déjà les valeurs humanistes de Montaigne qui, dans les Essais, aspirait à être « un homme mêlé » ? Ainsi, à l'occasion d'une rencontre à Rouen avec des indigènes du Brésil, l'écrivain dénonce, dans le chapitre intitulé « Des cannibales », un point de vue autocentré qui nous pousse à croire comme parfaites et seules véritables « les opinions et usages du pays où nous sommes » prenant alors le contre‑pied des préjugés selon lesquels ces indigènes sont des sauvages et des barbares. Sa volonté de découvrir et de s'ouvrir aux autres constitue donc bien à ses yeux à la fois une forme suprême d'instruction personnelle et une leçon de relativisme culturel.
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Transition : |
L'effort que l'on fait pour s'intégrer dans un nouveau pays permet de développer une identité plurielle. Cependant, le parcours d'une vie, même si l'on demeure dans son pays d'origine, conduit également à développer plusieurs facettes de son identité.
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Deuxième grande partie (II) : | Idée directrice 2. |
Tous les individus, qu'ils se soient expatriés ou non, possèdent une identité en mosaïque.
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Première sous‑partie (A) : | Formulation de l'argument 1. |
L'identité est d'abord la somme de toutes nos appartenances. En effet, ces appartenances consistent non seulement dans les pays, mais aussi dans les régions et les villes où l'on a vécu à l'intérieur d'un même pays. Ce sont aussi les milieux sociaux que l'on a fréquentés et les capacités que l'on a acquises. En habitant au Nord ou au Sud, à l'Est ou à l'Ouest d'un même pays, on découvre également différentes façons de vivre. On n'est pas tout à fait le même avec sa famille, ses collègues de travail et les différents cercles d'amis que l'on fréquente. Selon Nancy Huston dans Nord perdu, on est « le produit des gens qu'on rencontre, du pays où on habite, de la religion qu'on nous inculque, etc. ». C'est d'ailleurs précisément cette multiplicité qui crée l'universalité de l'homme. Le sculpteur sénégalais Ousmane Saw l'avait bien compris, quand il créait des guerriers massaïs et des hommes occidentaux dans une même posture et avec une dignité et un charisme identiques : « je représente l'homme, c'est tout », disait l'artiste, montrant ainsi que l'un devient toujours l'autre.
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Deuxième sous‑partie (B) : | Formulation de l'argument 2. |
C'est pourquoi, enfin, l'identité de chacun se construit tout au long de la vie. En effet, selon le philosophe Michel Serres dans un article du journal Libération, il est impossible de se connaître entièrement soi‑même, car jusqu'à sa mort on peut construire de nouvelles appartenances qui viendront enrichir notre personnalité. L'identité nationale se révèle pour lui comme une « erreur », pire « un délit ». C'est aussi ce que suggère Thomas Dutronc, dans sa chanson « Sac ado » : l'adulte transporte avec lui, comme dans un sac à dos, les vestiges de celui qu'il était dans son enfance et pendant son adolescence, le souvenir, par exemple, d'une admiration pour Zorro ou Che Guevara. La vidéo qui illustre la chanson représente l'identité comme une mosaïque faite d'une série de photos d'identité prises à différentes époques de la vie. Ainsi, notre identité se construit tout au long de la vie en fonction de nos expériences, de nos rencontres, de notre évolution personnelle sans cesse enrichie et renouvelée.
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Conclusion |
En définitive, la nature composite de l'identité apparait de manière plus évidente chez ceux qui ont vécu dans différents pays, mais chacun possède une personnalité en mosaïque, démultipliée par toutes les expériences qu'il a vécues. C'est d'ailleurs cette quête permanente d'identité, au croisement de plusieurs cultures, que relate avec émotion Gaël Faye dans son récit‑témoignage Petit pays : son enfance au Burundi, l'effondrement d'un monde heureux, son exil, l'émigration dans la région parisienne sont bien les évènements personnels dans lesquels puise le jeune auteur pour expliquer qui il est.
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Bilan du développement. Entrée en matière : propos général qui introduit le sujet. |
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Oups, une coquille
j'ai une idée !